google.com, pub-1214054292722785, DIRECT, f08c47fec0942fa0 Copie de VIE ET OEUVRES : Seydina Iss... | almahdiyou
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Mana demba mana tay (Je suis celui d’hier et d’aujourd’hui)

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Je cherche refuge auprès d’Allah contre Satan. Il n’y a pas de préservation ni de force si ce n’est par Allah, l’Elevé, l’Eminent.
Louange à Allah, Seigneur de l’univers.
Nos salutations s’adressent d’emblée à l’endroit du Khalif Général Seydina Abdoulahi, fils de Seydina Issa Rohou Lahi (psl), fils de Seydina Limamoul Lahi al Mahdiyou (psl). Qu’Allah lui accorde santé et longévité.
Que la paix soit sur toute la famille de Seydina Limamou (psl), sur toute la communauté Ahloulahi, ainsi que sur toux ceux qui suivent la voie de Dieu.
Je suis membre du groupe almahdiyou.org créé et dirigé par Alassane Diop qui a eu la gentillesse de partager l’idée avec moi depuis la période de sa conception. Le groupe almahdiyou.org est composé aujourd’hui de plusieurs membres et a pour but de vulgariser la mission de Seydina Limamou Lahi (psl) et de son fils Seydina Issa Rouhou Lahi (psl). Depuis sa création, chacun des membres essaie d’ajouter sa pierre à l’édifice. Aujourd’hui c’est à notre tour d’apporter une modeste contribution après en avoir reçu l’autorisation.
Ainsi mon discours sera axé sur les propos que Seydina Limamou (psl) a tenus pour apporter des clarifications sur l’opportunité de sa mission prophétique : « mana demb mana tay1 ».
1 Nous l’avons traduit par « Je suis celui d’hier et d’aujourd’hui. »
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Mana demb mana tay : Adéquation de la mission de Seydina Limamou Lahi (psl) avec les enseignements du coran et de la sunna sur la fin de la venue de nouveaux prophètes
En Wolof, cette expression est composée de trois mots : de « mana », traduit par « je suis » ou « c’est moi » et qui est prononcé deux fois, ensuite de « demb » traduit par « hier » et dernier de « tay » traduit par « aujourd’hui. »
Il a cité deux fois le mot « mana » dans son expression, divulguant ainsi qu’il ne vient pas en tant que nouvel envoyé de Dieu. Il stipule en effet qu’il a déjà vécu dans le passé en tant que messager de Dieu, et qu’il est revenu dans ce monde pour une seconde mission. Le terme « demb » fait référence à sa première vie, dans le passé, en Arabie. Quant au terme « tay », il fait référence à sa seconde vie à Yoff. C’est une réponse courte et pleine de sens qu’il a ainsi adressée à ceux qui ont rejeté son appel et qui s’appuient sur la croyance qu’il n’y aurait plus de prophète dans ce monde après la disparition de Muhammad (psl).
Notre objectif est d’essayer d’expliquer cette affirmation de Seydina Limamou Lahi (psl) afin que ses négateurs puissent parvenir à comprendre le véritable sens de ses mots et par la même occasion revoir les enseignements de l’islam sur l’avènement d’un prophète ou pas après la disparition de Muhammad (psl). Comprendre la dimension de cette parole permettra également de mieux connaître Seydina Limamou Lahi (psl). « Qui ne connaît la valeur des mots, ne saurait connaître les hommes2. »
La mission de Seydina Limamou Lahi (psl) a été divulguée par la déclaration qu’il a faîte à travers les termes suivants :
« Répondez à l’Envoyé de Dieu ! Oh communauté d’hommes et de djinns, je suis l’Envoyé de Dieu vers vous. Je suis le Mahdi que vous attendiez. »
Certains de ses proches qui ont été témoin de sa déclaration lui ont répondu :
« Limamou, c’est bien parce que tu es un illettré3 que tu oses faire une telle déclaration. Si tu avais été instruit, tu aurais su qu’il n’y aurait plus de prophète dans ce monde après Muhammad (psl)4. »
2 On attribue cette citation au philosophe chinois Confucius.
3 Seydina Limamou (psl) était un illettré.
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Seydina Limamou Lahi (psl) leur affirma qu’il n’était pas un nouveau prophète, contrairement à ce qu’ils pensaient, mais qu’il était de retour après avoir déjà vécu dans le passé. Il leur informa qu’il est le prophète Muhammad (psl) jadis le fils d’Abdoulahi et d’Aminah, et qu’il était revenu pour mener une seconde mission. Il révéla qu’après son enterrement à Médine, il n’est pas resté dans sa tombe plus de trois jours avant de la quitter pour rejoindre la grotte de Ngor5, partant ainsi de l’Est vers l’extrême Ouest.
Il dit avoir séjourné pendant plus de mille ans6 dans cette grotte de Ngor où le rejoignaient les âmes qui étaient désignées pour l’accompagner dans sa seconde mission. Durant son séjour dans cette grotte, il nous apprend que chaque nuit, il faisait le tour du monde entier à la recherche de l’endroit de sa seconde mission sur terre parmi les non arabes. Il révèle qu’il ne trouva aucune communauté où les femmes couvraient leur corps mieux que la communauté Lébou7. C’est ainsi que sa maman, Coumba Ndoye, fut choisie parmi les femmes de cette communauté.
Lorsqu’il atteignit ses quarante ans, il se révéla au monde, en tant qu’envoyé de Dieu, ayant reçu l’ordre d’inviter Hommes et Djinns à venir répondre à son Appel8. « Muhammad qui s’était endormi s’est réveillé », disait-il, de même que : « Muhammad qui était parmi les Blancs est devenu noir, » « l’Arabe de la Mecque est devenu noir à l’Ouest… Je suis le Mahdi que vous attendiez9 », « Un jour viendra où l’Est me rejoindra, l’Ouest me rejoindra, le Nord me rejoindra, le Sud me rejoindra. » S’agissant de ses détracteurs ils disaient :
« en réalité, ils ne me détestent pas, mais ils ignorent qui je suis, car ils ne sont pas parvenus à me reconnaître. Je suis comme un invité dont on guettait l’arrivée par la porte mais qui est finalement passé par la porte située à l’arrière de la maison. Oh Limamou, comme tu as surpris les habitants de cette région10 ! »
4 C’est un argument brandi jusqu’à nos jours par tous ceux qui s’attaquent à lui, à sa mission, ainsi qu’à sa communauté.
5 Lô Cheikh Mukhtâr, Bushrâ al-muhibbîn wa tayqîz al-jâhilîn, p. 4. Mboup Muhammadou, Thamarat fuâd al-tâbi’în wa iyqâz al-jâhilîn wa tabayyan al-âlamîn ‘alâ millatihî wa sîratihî wa huwa Sayyidunâ imâm al-Mahdiy al- Muntadharp ‘alayh al-salât wa al-salâm âmîn, p. 67-68.
6 Cheikh Mukhtâr Lô p. 4. Muhammadou Mboup, p. 69.
7 Idem.
8 Muhammad Mboup, p. 28-33.
9 Ndoye Dun Pâthé, jawâb al-sâil, p. 3.
10 Ce sont des propos qu’il avait tenu au début de son Appel et qui sont rapportés par ses compagnons dans leurs ouvrages, à travers différents témoignages, ainsi que par ses descendants. La non publication de ces livres rend difficile leur accessibilité notamment pour les chercheurs qui ne sont pas des adeptes de la communauté
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Malgré cette réponse explicite sur le fait qu’il ne se déclarait pas être un nouvel envoyé, et qu’il était quelqu’un qui revenait une seconde fois, son appel fut rejeté par son peuple qui ne cessait pas de lui répéter qu’il ne pouvait y avoir un autre prophète après Muhammad (psl). Sa déclaration est certes bouleversante et inattendu. Cependant, cela a toujours été le cas à chaque fois qu’un prophète recevait l’ordre divin d’annoncer sa mission.
L’absence d’évolution dans la réponse de ses négateurs depuis le début de sa mission jusqu’à nos jours nous fait penser qu’ils n’ont pas compris ce qu’il a voulu dire ou bien qu’ils le comprennent parfaitement mais qu’ils se refusent tout simplement de se pencher sur la question de la possibilité du retour d’un prophète dans ce monde. Malgré le fait que Seydina Limamou Lahi (psl) ait dit « c’était moi hier, c’est moi aujourd’hui », les gens continuent d’insister sur le fait qu’aucun prophète ne puisse venir après le prophète de l’Islam. C’est comme s’ils avaient compris, à travers ses propos, qu’il s’était déclaré être un autre prophète après Muhammad, ce qui n’est bien évidemment pas le cas.
Depuis son Appel jusqu’à nos jours, cent quarante années se sont écoulées. La conviction qu’il ne viendrait plus aucun prophète après Muhammad (psl) continue d’exister. C’est le principal argument de leur rejet. C’est une conviction qui balaie d’un revers de main la possibilité du retour d’un prophète. Seydina Limamou Lahi (psl) a vécu une période où la majeure partie des musulmans croyait au plus profond d’eux-mêmes qu’il ne viendrait plus aucun prophète après Seydina Muhammad (psl).
Depuis le VIIe siècle, cette prétention s’est évoluée au fil du temps, pour finalement devenir une croyance fortement ancrée dans leur coeur. Des savants ont facilité à tort la propagation de cette croyance chez eux et aujourd’hui ils le prennent, dans leur grande majorité, pour une vérité absolue.
Si toute croyance d’un musulman doit avoir comme fondement le coran et la sunna, nous pouvons affirmer que l’argument des négateurs n’est en aucun cas conforme à ces derniers. Il ne se justifie ni à travers l’un, ni à travers l’autre. Cela ne les empêche nullement d’aller jusqu’à prêcher que le fait de croire en la venue d’un prophète après Muhammad, y compris un prophète qui est revenu, serait contraire aux principes de l’Islam.
layène et qui cherchent à mieux la connaître. En milieu layène, les copies et reproductions de ces livres se comptent par centaines.
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Cette croyance constitue une barrière qu’ils érigent contre la mission de Seydina Limamou (psl). C’est leur argument pour détourner les gens qui veulent s’intéresser à cette mission. C’est également leur moyen pour tenter de discréditer la communauté layène et les dépeindre comme allant à l’encontre des enseignements du Coran et de la Sunna.
Il est très facile de comprendre que celui qui est convaincu qu’il ne viendra plus aucun prophète après Muhammad (psl) soit étonné d’entendre dire que Seydina Limamou se présente comme un envoyé de Dieu. Sa réaction pourra naturellement être celle d’un rejet, car sa conviction avait déjà exclu toute possibilité de la venue d’un prophète après Muhammad (psl).
C’est la raison pour laquelle les disciples de Seydina Limamou Lahi (psl) doivent apporter la lumière sur la fausseté de ces arguments, s’ils tiennent à ce que les gens comprennent véritablement le sens de sa mission, et puissent répondre à son appel. Il faut faire admettre à ceux-là qui portent cette croyance, que celle-ci n’a aucun fondement valable. C’est une croyance qui contredit même les enseignements de l’islam comme nous allons le démontrer. En effet, il est impossible d’admettre que le coran et la sunna qui nous annoncent la venue d’un prophète en l’occurrence Jésus puissent en même temps nous annoncer qu’aucun prophète ne viendra après Muhammad, car « si un texte peut dire beaucoup, il ne peut pas pour autant, dire tout et son contraire.11 » On ne peut pas leur attribuer une telle contradiction.
Parmi les théories scientifiques, il y a ce qu’on appelle la loi des contraires. Certains le surnomment théorie des opposés ou loi de la symétrie. Il existe sur plusieurs formes. La première est dénommée la loi de la chose et de l’anti-chose qui soutient que pour toute chose A, il existe une autre chose B, qui est son parfait contraire, l'antipode de A. Cette chose B ou anti-A est le parfait symétrique de A. Là où A n'existe pas, là forcément anti-A existe, et vice-versa. Et ne pas être A, c'est obligatoirement être anti-A, et vice-versa.
Retenons à partir de là que toute chose a son parfait contraire et que la chose et son contraire ne peuvent pas exister dans un seul et même contexte. La « non venue » d’un prophète est la parfaite symétrie de « la venue » d’un prophète. Celui qui croit à « la non
11 Cyrille Moreno, Analyse littérale des termes dîn et islâm dans le Coran : Dépassement spirituel du religieux et nouvelles perspectives exégétiques, Thèse, Université de Strasbourg, Ecole doctorale des Humanités, 2016, p. 48.
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venue » d’un prophète après Muhammad (psl) écarte par cette seule croyance la possibilité de « la venue » d’un prophète après Muhammad (psl) et vice-versa. Le coran et la sunna ne peuvent pas enseigner à la fois ces deux théories contraires ; nous annoncer « la non venue » d’un prophète après Muhammad et en même temps nous annoncer « la venue » d’un prophète après lui (psl).
La sémiotique, qui est une discipline des sciences du langage, nous enseigne que « la signification n’est possible que sur la base de différences.12 » En d’autres termes, ce qui rend possible l’entrée dans l’univers du sens c’est en premier lieu la perception de différence13. Si on n’arrive pas différencier nettement les choses, tout et n’importe quoi peuvent être semblés pareil à nos yeux. Alors que tout n’est pas pareil.
Toujours dans la sémiotique, il y a ce qu’on appelle le jeu des différences illustré à travers le carré sémiotique14 qui stipule par exemple qu’entre A et non-A existe une relation de contradiction. Non-A est la négation de A. Le choix est nécessaire entre l’un et l’autre terme. C’est ce qui est appelé la loi de l’alternative. Ibn al-Najjâr le démontre dans Charh al-kawkab al-munîr.15.
Nous retrouvons cette relation de contradiction sous une autre forme dans la grammaire française à travers la lexicologie, dans ce qu’on appelle les antonymes contradictoires, qui sont différents des antonymes contraires. En effet, les antonymes contradictoires sont en relation de disjonction exclusive. La négation de l’un des mots entraîne l’assertion de l’autre et vice-versa. Cela veut dire, en guise d’exemple, que « la non-venue » d’un prophète après Muhammad (psl) est en contradiction avec « la venue » d’un prophète après Muhammad (psl). L’islam ne peut soutenir que l’un des deux hypothèses. Il ne peut pas déclarer qu’aucun prophète ne viendra sur terre après Muhammad et en même temps déclarer qu’il y’aura un prophète qui viendra après celui-ci.
12 Groupes d’entrevernes, Analyses sémiotique des textes, Presses universitaires de Lyon, 1979, p. 129.
13 Idem.
14 Le carré sémiotique ou des oppositions est un diagramme qui se présente, selon Jacques Fontanille dans Sémiotique du discours, « comme la réunion des deux types d’oppositions binaires en un seul système, qui gère à la fois la présence simultanée de traits contraires, et la présence et l’absence de chacun de ces deux traits. »
15 Ibn al-Najjâr Cheikh Muhammad bun Ahmad bun ‘Abd al-‘Azîz bun ‘Alî, Charh al-kawkab al-munîr, Riyâd, Maktaba al-‘abîkân, 1993, Tome1, p. 69.
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Partant de cela, nous allons constater que le Coran n’a jamais affirmé « la non venue » d’un prophète après Muhammad. Il a au contraire annoncé « la venue » d’un prophète après ce dernier en affirmant :
وَإِنَّهُ لَعِلْ م لِ لسَّاعَةِ فَلَ تَمْتَرُنَّ بِهَ ا 16
« Il (Jésus) sera un signe au sujet de l'Heure. N'en doutez point. »
La confirmation de l’une des deux affirmations par le coran entraîne automatiquement l’exclusion de l’autre, car, deux opposés ne peuvent pas se réunir.17 La plupart des commentateurs du Coran soutiennent, à propos de ce verset, que la venue de Jésus se passera avant la fin des temps et qu’elle sera un signe majeur de l’approche de celle-ci. Ibn Kathîr dit à ce propos :
المراد بذلك نزوله قبل يوم القيامة ، كما قال تبارك وتعالى : ) وإن من أهل الكتاب إلا ليؤمنن به قبل موته ( أي :
قبل موت عيسى ، عليه الصلة والسلم ، ثم ) ويوم القيامة يكون عليهم شهيدا ( ، ويؤيد هذا المعنى القراءة الأخرى : "
وإنه لعلم للساعة " أي : أمارة ودليل على وقوع الساعة )...( 18 .
« Ce dont il est question dans ce verset c’est sa venue avant le jour du jugement dernier comme le Très-haut le dit encore lorsqu’il cite (Il n'y aura parmi les gens du Livre, qui l’auront cru avant sa mort19), c’est-à dire la mort de Jésus (psl), avant de rajouter (Et au Jour de la Résurrection, il sera témoin contre eux). Ce sens conforte celui qui stipule qu’il est un signe de l’Heure, cela signifie qu’il est un signe et une preuve par rapport à l’approche de l’Heure. »
Il est donc clair à travers ces deux versets que le coran annonce la venue de Jésus avant la fin des temps. Cependant, même si nous reconnaissons que la sunna ne peut être en contradiction avec le coran, nous pouvons tout de même vérifier s’il existe des hadiths qui ont annoncé « la non-venue » d’un prophète après Muhammad afin d’écarter le doute. Cependant, en s’y prenant également, nous allons très rapidement nous rendre compte que la sunna n’a jamais annoncée « la non-venue » d’un prophète après Muhammad. Elle affirme plutôt l’inverse, étant ainsi en phase avec le coran. En ce faisant également, elle rejette tout comme ce dernier la conviction de la « non-venue » d’un prophète après Muhammad (psl).
16 Sourate 43, verset 61.
17 Ibn Taymiyya, al-Radd ‘alâ al-mantiqiyyîn, Bayrût, Dâr al-fikr al-lubnanî, 1ère édition, 1993, p. 66.
ضدان لا يجتمعان .
18 Ibn Kathîr Abû al-Fadâ Ismâ’îl, Tafsîr al-qur’ân al-‘azîm, al-Qâhirah, al-Fârûq al-hadîtha, 1ère édition, 2000, p. 323.
19 Sourate 4, verset 159.
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En effet, à travers les hadiths du prophète, l’information sur la venue de Jésus est qualifiée de notoire, c’est-à dire qu’elle remplit les conditions qui font qu’en science du hadith on ne puisse plus nier la réalité de celle information. Ibn Kathir confirme cela lorsqu’il dit :
وقد تواترت الأحاديث عن رسول الله صلى الله عليه وسلم أنه أخب ر بنزول عيسى ] ابن مريم [ ، عليه السلم - -
قبل يوم القيام ة 20
« Les hadiths qui sont rapportés du messager de Dieu dans lesquels il informe de la venue d’Issa (ibn Maryam) sont notoires. »
Même si l’on peut constater beaucoup de réserves de la part de spécialistes sur l’authenticité de ces hadiths, la notoriété de cette information, liée notamment à la multiplicité des chaînes de transmission qui la rapportent, fait d’elle une information indéniable en science du hadith21. Nous pouvons citer parmi ces hadiths :
لَا تَقُومُ السَّاعَة حَتَّى يَنْزِلَ فِيكُمْ ابْنُ مَرْيَمَ )...( 22
« La fin du monde n’adviendra pas avant qu’Jésus fils de Marie ne soit venu parmi vous. »
Abû Hurayra et Muslim ont rapporté que le Prophète (psl) a dit :
كيف أنتم إذا نزل بن مريم فيكم و إمامكم منك م 23 .
« Comment est-ce que vous serez lorsque le fils de Marie vous viendra, accompagné de votre imam et en étant issus de vous. »
Au vu de tout cela, il nous est difficile de comprendre que depuis 14 siècles, des musulmans aient pu entretenir l’idée selon laquelle plus aucun prophète ne devrait venir après Muhammad (psl). La question qu’il convient de se poser dès lors est comment en sont-ils arrivés là ?
20 Idem.
21 Voir la partie intitulée Seydina Limamou Lahi al-Mahdi (psl) et les hadiths sur le Mahdi pour mieux comprendre le hadith notoire et son statut juridique.
22 Al-Kurdî ‘Abd al-Hamîd Râjih ‘Abd al-Hamîd, Sahîh al-‘Aqîda al-islâmiyya, ‘Umân, Dâr al-ma’mûn, 1ère édition, 2012, p. 187.
23 Nâsif Mansûr ‘Alî, al-Tâj al-jâmi’ li al-usûl fî ahâdîth al-rusûl, Bayrût, Dâr al-Kutub al-‘ilmiyya, 1971, Tome 5, p. 322.
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Comprendre le hadith lâ nabiyya ba’dî à travers l’appel de Seydina limamou Lahi (psl)
Ceux qui soutiennent qu’aucun prophète ne viendrait après Muhammad s’appuient sur une interprétation visiblement erronée du hadith dans lequel le prophète dit : lâ nabiyya ba’dî24, qui signifie : « il n’y a pas de prophète après moi. » En effet, ce hadith ne dit pas qu’aucun prophète ne viendrait après Muhammad (psl), car l’affirmation « il n’y a pas de prophète après moi » est bien différente de « aucun prophète ne viendra après moi ».
Malgré l’ambiguïté et la proximité qui existent entre ces deux affirmations, nous allons voir qu’il y’a un grand écart entre leurs différents sens. Ce n’est pas parce que les deux traductions sont proches qu’elles veulent pour autant dire la même chose. La sémiotique nous apprend que « ce qui rend possible l’entrée dans l’univers du sens c’est la perception de la différence, mais également le repérage d’écarts différentiels25. » L’individu doit faire l’effort de distinguer deux choses qui ne sont pas identiques, car un infime écart qui existe entre deux choses peut suffire pour les rendre totalement différentes.
Dans la proposition « il ne viendra aucun prophète après moi », nous remarquons la présence du verbe « venir » que le Prophète (psl) n’a aucunement employé dans cette proposition. Il n’a pas dit lâ ya’tî nabiyyun ba’dî qui signifie « aucun prophète ne viendra après mois ». Il a plutôt déclaré lâ nabiyya ba’dî qui veut dire « il n’y a pas de prophète après moi ». C’est une proposition nominale qu’il a ainsi employée en Arabe. Il n’y a visiblement jamais évoqué une supposée « venue » ou « non venue » d’un prophète.
Conscients qu’il pouvait y avoir une mauvaise compréhension de cette assertion, certains compagnons allaient jusqu’à interdire son évocation. L’imam al-Suyûtî mentionne ainsi qu’Aïcha, épouse du prophète, et al-Mughîrat ibn Chu'bat interdisaient d’affirmer qu’il n’y a pas de prophète après Muhammad26, alors qu’ils n’ignoraient pas que c’était bien une déclaration du prophète.
On rapporte qu’Aïcha disait :
24 Al-Suyûtî Jalâl al-Dîn, al-Durr al-Manthur fî al-tafsîr bi al-ma’thûr, al-Qâhirah, Markar hijr li al-buhûth wa al-dirâyât al-‘arabiyya wa al-islâmiyya, 1ère edition, 2004, Tome 12, p. 64.
25 Groupes d’entrevernes, op. cit, p. 129.
26 Al-Suyûtî, op. cit, p. 64.
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لا تَقُولُوا : لا نَبِيَّ بَعْد مُحَمَّ د ، وَقُولُوا : خَاتَمُ النَّبِي ينَ ، فَإِنَّهُ يَنْزِلُ عِيسَى ابْنُ مَرْيَمَ )...( 27 .
« Ne dîtes pas qu’il n’y a pas de prophète après Muhamed (psl). Dîtes (plutôt) qu’il est le dernier des prophètes, car il est certain qu’Issa ibn Mariam viendra. »
Al-Mughîra ibn Shu'ba répliqua à un homme dire : « qu’Allah prie sur Muhammad, le dernier des prophètes, celui après qui il n’y a plus de prophète. »
حسبك اذا قلت خاتم الأنبياء فأنا كنا نحدث ان عيسى عليه السلم خارج فان هو خرج فقد كان قبله وبعد ه 28.
« Contente-toi de dire qu’il est le dernier des prophètes (sans y rajouter qu’il n’y a pas de prophète après lui), car nous avions l’habitude d’évoquer l’apparition d’Issa (psl), et lorsque ce jour viendra, Issa aura été avant et après Muhammad. »
Il apparaît dans leurs propos qu’ils voulaient écarter l’idée selon laquelle aucun prophète n’allait plus venir, car cela ne serait pas en phase avec les enseignements du coran et de la sunna qui ont annoncé le retour de Jésus. Nous allons maintenant constater que le véritable sens de ce hadith a été donné par le prophète lui-même à travers une représentation imagée dans laquelle il apporte une clarification qui ne laisse place au moindre doute. Cette représentation existe dans plusieurs versions dont les suivants :
مثلي في النبيين كمثل رجل بنى داراً، فأحسنها وأكملها وأجملها وترك فيها موضع لبنة لم يضعها، فجعل الناس
يطوفون بالبنيان، ويعجبون منه ويقولون: لو تم موضع هذه اللبنة، فأن ا في النبيين موضع تلك اللبن ة 29.
« Mon image par rapport aux prophètes est semblable à l’image d’un homme qui a construit une maison, l’a embellie, achevée, et décorée en y laissant l’emplacement d’une brique qui n’a pas été posée. Les gens sont venus par la suite la contempler et l’admirer avant de dire : Cet espace devrait être complété. Je représente parmi les prophètes l’emplacement de cette brique. »
مثلي ومثل النبيين من قبلي كمثل رجل بنى دارا فأتمها إلا لبنة واحدة، فجئت أنا فأتممت تلك اللبن ة 30 .
« Mon image comparée à celle des prophètes qui m’ont précédé est semblable à l’image d’un homme qui a construit une maison et l’a achevée excepté l’emplacement d’une seule brique. Je suis venu compléter cette brique manquante. »
27 Al-Adhkâwî ‘Abdullah bun ‘Abdullah bun Salâmah, Mawsû’a al-asmâ wa al-a’lâm al-mubhama fî al-qurân al-Karîm, Riyâd, Maktaba al-‘ubaykân, 1ère édition, 2001, p. 119.
28 Al-Suyûtî,op. cit, p. 64.
29 Ibid, p. 63.
30 Ibn Kathî Abû al-Fadâ Ismâ’îl bun ‘Umar, Tafisîr al-qurân al-‘azîm, Bayrût, Dâr Ibn Hazm, 1ère édition, 2000, P. 1505.
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مَثَلِي وَمَثَلُ الْأَنْبِيَا ء مِنْ قَبْلِي كَمَثَ ل رَجُ ل ابْتَنَى بُيُوتًا فَأحَْسَنَهَا وَأَجْمَلَهَا وَأَكْمَلَهَ ا ، إِلَّا مَوْضِ ع لَبِنَ ة مِنْ زَاوِيَ ة مِ ن
زَوَايَاهَا ، فَجَعَلَ النَّاسُ يَطُوفُونَ وَيُعْجِبُهُمُ الْبُنْيَانُ فَيَقُولُونَ : أَلَّا وَضَعْتَ هَاهُنَ ا لَبِنَ ةً فَيَتِمَّ بُنْيَانُكَ فَقَالَ مُحَمَّد صَلَّى اللُّ عَلَيْهِ وَسَلَّ مَ
: فَكُنْتُ أَنَا اللَّبِنَ ةَ 31.
« Mon image, comparée à celle des autres prophètes qui m’ont précédé est semblable à l’image d’un homme qui a construit des maisons, les a embellies, achevées et décorées excepté32 l’emplacement d’une brique sur un des coins de la maison. Les gens sont venus par la suite la contempler et l’admirer avant de dire : cette brique ne devrait-elle pas être posée ici afin qu’elle complète ta construction ? Muhammad (psl) dit : Je suis cette brique-là.
مَثَلِي وَمَثَلُ الْأَنْبِيَاءِ ، كَمَثَلِ رَجُ ل بَنَى دَارًا فَأتََمَّهَا وَأَكْمَلَهَا إِلَّا مَوْضِعَ لَبِنَ ة ، فَجَعَلَ النَّاسُ يَدْخُلُونَهَا وَيَتَعَجَّبُونَ مِنْهَا ،
وَيَقُولُونَ : لَوْلَا مَوْضِعُ اللَّبِنَةِ قَالَ رَسُولُ اللَّّ صَلَّى اللَّّ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ : فَأنََا مَوْضِعُ اللَّبِنَةِ ، جِئْتُ فَخَتَمْتُ الْأَنْبِيَاءَ 33.
« Mon image, comparée à celle des autres prophètes qui m’ont précédé est semblable à l’image d’un homme qui a construit une maison et l’a achevée excepté l’emplacement d’une brique. Les gens sont venus y entrer pour admirer sa splendeur avant de dire : Si vraiment il n’y avait pas eu cet espace d’une brique. Le messager de Dieu dit : Je suis cet espace de la brique, je suis venu compléter les prophètes. »
مَثَلِي وَمَثَلُ الْأَنْبِيَاءِ ق بْلِي كَمَثَلِ رَجُ ل بَنَى بُنْيَا نًا فَأحَْسَنَهُ وَ أَجمَلَهُ، إِلَّا مَوْضِعَ لَبِنَ ة مِنْ زَاوِيَ ة من زواياه فَجَعَلَ النَّاسُ
يَطُوفُونَ بِهِ، وَ ي تَع ج بُونَ لَهُ, وَيَقُولُونَ: هَلَّ وُضِ عَتْ هَذِهِ اللَّبِنَةُ؟ قَالَ: فَأنََا اللَّبِنَةُ. وَأَنَا خَاتِمُ النَّبِي ي ن 34 .
« Mon image, comparée à celle des autres prophètes qui m’ont précédé est semblable à l’image d’un homme qui a construit une maison, l’a embellie et décorée excepté l’emplacement d’une brique sur un des coins de la maison. Les gens sont venus par la suite la contempler et l’admirer avant de dire : cette brique ne devrait-elle pas être posée ? Je suis cette brique-là et je suis le dernier des prophètes. »
Si nous observons cette illustration, nous allons nous rendre compte que le but de son message n’est pas d’annoncer la venue ou la non-venue d’un prophète après lui, mais plutôt de révéler la clôture du nombre de prophètes qui doit descendre sur terre. Le mot « excepté » est un des mots clés de cette représentation du prophète (psl). Il permet de percevoir qu’il manquait en effet une brique sur une place d’un coin de la maison. Cette exception permet de mettre l’accent sur ce manque. Elle indique que si la brique manquante est posée à sa place, le
31 Idem.
32 Il faut retenir cette exception sinon il sera impossible de comprendre l’illustration de ce hadith.
33 Al-Naysâbûrî Abû al-Husayn Muslim bun al-Hjjâj, Sahîh Muslim, Bayrût, Dâr al-kutub al-‘ilmiyya, 1971, Tome 4, p. 25.
34 Idem.
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nombre de briques qui doit servir à parachever la construction de la maison sera atteint. Par conséquent, il ne peut plus y avoir d’emplacement pour une brique supplémentaire. Il parle de ce fait du complet et du non complet et non pas de venue et de non venue.
A travers cette image, Muhammad (psl) se représente par rapport aux autres prophètes qui l’ont précédé, par cette brique qui vient compléter le nombre de briques nécessaires à l’achèvement de la construction. Il représente ainsi chaque prophète par une brique. L’apparition de l’ensemble des prophètes doit représenter l’aboutissement de la construction de la maison. Ainsi, chaque apparition d’un parmi eux est représentée par la pose d’une brique supplémentaire dans la construction. Il apparaît de ce fait que ce qu’il a voulu faire comprendre ce n’est rien d’autre que sa venue rend complet le nombre de prophètes devant descendre sur terre, tout comme cette brique rend complet le nombre de briques qui doit servir à l’achèvement de l’édifice. Ainsi il ne devrait plus y avoir un nouveau prophète après lui, car il est le dernier à être envoyé, les autres l’ayant déjà précédé. Ibn Hajar reconnaît cela lorsqu’il dit :
نعم ظاه ر السياق أن تكون اللبنة في مكان يظه ر عدم الكمال في الدا ر بفقدها، وقد وقع في رواية همام عند مسلم:
)إلا موضع لبنة في زاوية من زواياها( فظه ر أن المراد أنها مكملة محسنة وإلا لاستلزم أن يكون الأم ر بدونها كان ناقصا،
وليس كذلك فإن شريعة كل نبي بالنسبة إليه كاملة، فالمراد هن ا النظ ر إلى الأكمل بالنسبة إلى الشريعة المحمدية، مع م ا
مضى من الشرائع الكاملة 35 .
« Effectivement, ce qui apparaît, c’est que la brique doit être posée sur cette place sinon la maison demeurera inachevée. C’est ce qui ressort notamment de la version de Himâm rapportée par Muslim dans lequel il est dit : (excepté l’emplacement d’une brique sur un des coins). Il apparaît donc que l’objectif est que cette brique vienne compléter et embellir la maison à défaut de quoi elle restera incomplète. Cependant, il ne faut pas le comprendre ainsi, car la législation de chaque prophète est complète par rapport à ce prophète. Le but est donc de faire apparaître que la législation de Muhammad est la plus complète comparée à celles des autres prophètes. »
Le commentaire rajouté par Ibn Hajar aurait pu avoir du sens si le but de cette représentation était de comparer la législation des prophètes à celle du prophète. Or, ce dont il est question dans l’image de la maison inachevée, c’est de représenter qu’il est le dernier des arrivés, et que tant que sa venue ne s’était pas réalisée, la venue des prophètes resterait inachevée. Il a été précédé par tous les autres. Il n’a aucunement été question de législation
35 Ibn Hajar Ahmad bun ‘Alî, Fath al-bârî bi charh sahîh al-imâm Abî ‘Abdullâh Muhammad bun Ismâ’îl al-Bukhârî, al-Maktaba al-salafiyya, Tome 6, p. 559.
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dans cette image. En plus, le but de cette représentation était de rendre compréhensible son message pour y écarter toute ambiguïté, et non pas d’en cacher quelque chose, raison pour laquelle nous devons nous en tenir à ce qui y apparaît clairement et qui n’a besoin d’aucune interprétation. C’est ce qui est confirmé par Idrîs Muhammad Idrîs lorsqu’il commente ces hadiths en disant :
إذا نظرنا في الاحاديث السابقة نجد انها تتناول قضية الختم من طريق التمثيل و التشبيه الذي هو أقرب الاساليب
الى الفهم حيث شبه النبي صلى الله عليه وسلم النبوة ببيت لبناته هم انبياء الله عز و جل الذين اختارهم قبل نبينا عليه أفضل
الصلة و السلم و ان البيت قد بني و جمل و كمل و لم يبق فيها الا موضع لبنة واحدة و لا يزال البيت بدونها ناقصا فجاء
رسول الله صلى الله عليه وسلم فكمل ذلك البناء و سد ذلك المكان و لم يبق ثمة موضع آخر للبنة أخرى تجيء بعد )... ( 36.
« Lorsque nous regardons ces hadiths, nous trouvons qu’ils traitent de la question du parachèvement à travers la comparaison ou représentation qui est la meilleure méthode pour faciliter la compréhension. Le prophète (psl) y compare la prophétie à une maison dont les briques sont les messagers de Dieu qui ont été choisis pour venir avant lui. Cette comparaison montre que la maison est construite, décorée et achevée et qu’il n’y reste plus que l’emplacement d’une seule brique. La maison est restée inachevée jusqu’à ce que le messager de Dieu (psl) soit venu compléter la construction et combler l’espace, faisant ainsi qu’il ne restait plus aucune place supplémentaire où une autre brique pourrait être posée. »
L’exemple que nous donnons pour mieux faire percevoir la différence qui existe entre « il n’y a pas de prophète après Muhammad (psl) » et « il ne viendra plus aucun prophète après Muhammad (psl) » est celui de la personne à qui on refuse l’accès à une salle sous prétexte que l’effectif est déjà atteint alors qu’elle est inclue dans cet effectif. En effet, si après la venue du dernier des invités dans cette salle, plus personne ne doit plus pouvoir y accéder au risque de dépasser l’effectif, rien ne peut justifier qu’il soit empêché aux invités pris en compte dans le calcul de cet effectif de pouvoir reprendre leur place lorsqu’ils reviennent d’une absence momentanée. De la même manière, l’annonce de la venue de Jésus n’est pas en contradiction avec le fait que Muhammad soit le dernier des prophètes qui sont apparus, car, Jésus était déjà apparu avant lui, sa venue n’est qu’un retour. Elle ne signifie pas l’apparition d’un nouveau prophète. C’est comme cela que l’entend al-Zurqânî lorsqu’il dit :
36 Idrîs Abû ‘Abdullah Idrîs Muhammad, Mazâhir al-onhirâfât al-uqadiyya ‘inda al-sûfiyya wa atharuhâ al-sayyi’ ‘alâ al-umma al-islâmiyya, al-Riyâd, Maktaba al-ruchd, 2005, Tome1, p. 607.

  • 1
    Mana Demb Mana Tay (Je suis celui d’hier et d’aujourd’hui)
    Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
    Je cherche refuge auprès d’Allah contre Satan. Il n’y a pas de préservation ni de force si ce n’est par Allah, l’Elevé, l’Eminent.
    Louange à Allah, Seigneur de l’univers.
    Nos salutations s’adressent d’emblée à l’endroit du Khalif Général Seydina Abdoulahi, fils de Seydina Issa Rohou Lahi (psl), fils de Seydina Limamoul Lahi al Mahdiyou (psl). Qu’Allah lui accorde santé et longévité.
    Que la paix soit sur toute la famille de Seydina Limamou (psl), sur toute la communauté Ahloulahi, ainsi que sur toux ceux qui suivent la voie de Dieu.
    Je suis membre du groupe almahdiyou.org créé et dirigé par Alassane Diop qui a eu la gentillesse de partager l’idée avec moi depuis la période de sa conception. Le groupe almahdiyou.org est composé aujourd’hui de plusieurs membres et a pour but de vulgariser la mission de Seydina Limamou Lahi (psl) et de son fils Seydina Issa Rouhou Lahi (psl). Depuis sa création, chacun des membres essaie d’ajouter sa pierre à l’édifice. Aujourd’hui c’est à notre tour d’apporter une modeste contribution après en avoir reçu l’autorisation.
    Ainsi mon discours sera axé sur les propos que Seydina Limamou (psl) a tenus pour apporter des clarifications sur l’opportunité de sa mission prophétique : « mana demb mana tay1 ».
    1 Nous l’avons traduit par « Je suis celui d’hier et d’aujourd’hui. »
    2
    Mana demb mana tay : Adéquation de la mission de Seydina Limamou Lahi (psl) avec les enseignements du coran et de la sunna sur la fin de la venue de nouveaux prophètes
    En Wolof, cette expression est composée de trois mots : de « mana », traduit par « je suis » ou « c’est moi » et qui est prononcé deux fois, ensuite de « demb » traduit par « hier » et dernier de « tay » traduit par « aujourd’hui. »
    Il a cité deux fois le mot « mana » dans son expression, divulguant ainsi qu’il ne vient pas en tant que nouvel envoyé de Dieu. Il stipule en effet qu’il a déjà vécu dans le passé en tant que messager de Dieu, et qu’il est revenu dans ce monde pour une seconde mission. Le terme « demb » fait référence à sa première vie, dans le passé, en Arabie. Quant au terme « tay », il fait référence à sa seconde vie à Yoff. C’est une réponse courte et pleine de sens qu’il a ainsi adressée à ceux qui ont rejeté son appel et qui s’appuient sur la croyance qu’il n’y aurait plus de prophète dans ce monde après la disparition de Muhammad (psl).
    Notre objectif est d’essayer d’expliquer cette affirmation de Seydina Limamou Lahi (psl) afin que ses négateurs puissent parvenir à comprendre le véritable sens de ses mots et par la même occasion revoir les enseignements de l’islam sur l’avènement d’un prophète ou pas après la disparition de Muhammad (psl). Comprendre la dimension de cette parole permettra également de mieux connaître Seydina Limamou Lahi (psl). « Qui ne connaît la valeur des mots, ne saurait connaître les hommes2. »
    La mission de Seydina Limamou Lahi (psl) a été divulguée par la déclaration qu’il a faîte à travers les termes suivants :
    « Répondez à l’Envoyé de Dieu ! Oh communauté d’hommes et de djinns, je suis l’Envoyé de Dieu vers vous. Je suis le Mahdi que vous attendiez. »
    Certains de ses proches qui ont été témoin de sa déclaration lui ont répondu :
    « Limamou, c’est bien parce que tu es un illettré3 que tu oses faire une telle déclaration. Si tu avais été instruit, tu aurais su qu’il n’y aurait plus de prophète dans ce monde après Muhammad (psl)4. »
    2 On attribue cette citation au philosophe chinois Confucius.
    3 Seydina Limamou (psl) était un illettré.
    3
    Seydina Limamou Lahi (psl) leur affirma qu’il n’était pas un nouveau prophète, contrairement à ce qu’ils pensaient, mais qu’il était de retour après avoir déjà vécu dans le passé. Il leur informa qu’il est le prophète Muhammad (psl) jadis le fils d’Abdoulahi et d’Aminah, et qu’il était revenu pour mener une seconde mission. Il révéla qu’après son enterrement à Médine, il n’est pas resté dans sa tombe plus de trois jours avant de la quitter pour rejoindre la grotte de Ngor5, partant ainsi de l’Est vers l’extrême Ouest.
    Il dit avoir séjourné pendant plus de mille ans6 dans cette grotte de Ngor où le rejoignaient les âmes qui étaient désignées pour l’accompagner dans sa seconde mission. Durant son séjour dans cette grotte, il nous apprend que chaque nuit, il faisait le tour du monde entier à la recherche de l’endroit de sa seconde mission sur terre parmi les non arabes. Il révèle qu’il ne trouva aucune communauté où les femmes couvraient leur corps mieux que la communauté Lébou7. C’est ainsi que sa maman, Coumba Ndoye, fut choisie parmi les femmes de cette communauté.
    Lorsqu’il atteignit ses quarante ans, il se révéla au monde, en tant qu’envoyé de Dieu, ayant reçu l’ordre d’inviter Hommes et Djinns à venir répondre à son Appel8. « Muhammad qui s’était endormi s’est réveillé », disait-il, de même que : « Muhammad qui était parmi les Blancs est devenu noir, » « l’Arabe de la Mecque est devenu noir à l’Ouest… Je suis le Mahdi que vous attendiez9 », « Un jour viendra où l’Est me rejoindra, l’Ouest me rejoindra, le Nord me rejoindra, le Sud me rejoindra. » S’agissant de ses détracteurs ils disaient :
    « en réalité, ils ne me détestent pas, mais ils ignorent qui je suis, car ils ne sont pas parvenus à me reconnaître. Je suis comme un invité dont on guettait l’arrivée par la porte mais qui est finalement passé par la porte située à l’arrière de la maison. Oh Limamou, comme tu as surpris les habitants de cette région10 ! »
    4 C’est un argument brandi jusqu’à nos jours par tous ceux qui s’attaquent à lui, à sa mission, ainsi qu’à sa communauté.
    5 Lô Cheikh Mukhtâr, Bushrâ al-muhibbîn wa tayqîz al-jâhilîn, p. 4. Mboup Muhammadou, Thamarat fuâd al-tâbi’în wa iyqâz al-jâhilîn wa tabayyan al-âlamîn ‘alâ millatihî wa sîratihî wa huwa Sayyidunâ imâm al-Mahdiy al- Muntadharp ‘alayh al-salât wa al-salâm âmîn, p. 67-68.
    6 Cheikh Mukhtâr Lô p. 4. Muhammadou Mboup, p. 69.
    7 Idem.
    8 Muhammad Mboup, p. 28-33.
    9 Ndoye Dun Pâthé, jawâb al-sâil, p. 3.
    10 Ce sont des propos qu’il avait tenu au début de son Appel et qui sont rapportés par ses compagnons dans leurs ouvrages, à travers différents témoignages, ainsi que par ses descendants. La non publication de ces livres rend difficile leur accessibilité notamment pour les chercheurs qui ne sont pas des adeptes de la communauté
    4
    Malgré cette réponse explicite sur le fait qu’il ne se déclarait pas être un nouvel envoyé, et qu’il était quelqu’un qui revenait une seconde fois, son appel fut rejeté par son peuple qui ne cessait pas de lui répéter qu’il ne pouvait y avoir un autre prophète après Muhammad (psl). Sa déclaration est certes bouleversante et inattendu. Cependant, cela a toujours été le cas à chaque fois qu’un prophète recevait l’ordre divin d’annoncer sa mission.
    L’absence d’évolution dans la réponse de ses négateurs depuis le début de sa mission jusqu’à nos jours nous fait penser qu’ils n’ont pas compris ce qu’il a voulu dire ou bien qu’ils le comprennent parfaitement mais qu’ils se refusent tout simplement de se pencher sur la question de la possibilité du retour d’un prophète dans ce monde. Malgré le fait que Seydina Limamou Lahi (psl) ait dit « c’était moi hier, c’est moi aujourd’hui », les gens continuent d’insister sur le fait qu’aucun prophète ne puisse venir après le prophète de l’Islam. C’est comme s’ils avaient compris, à travers ses propos, qu’il s’était déclaré être un autre prophète après Muhammad, ce qui n’est bien évidemment pas le cas.
    Depuis son Appel jusqu’à nos jours, cent quarante années se sont écoulées. La conviction qu’il ne viendrait plus aucun prophète après Muhammad (psl) continue d’exister. C’est le principal argument de leur rejet. C’est une conviction qui balaie d’un revers de main la possibilité du retour d’un prophète. Seydina Limamou Lahi (psl) a vécu une période où la majeure partie des musulmans croyait au plus profond d’eux-mêmes qu’il ne viendrait plus aucun prophète après Seydina Muhammad (psl).
    Depuis le VIIe siècle, cette prétention s’est évoluée au fil du temps, pour finalement devenir une croyance fortement ancrée dans leur coeur. Des savants ont facilité à tort la propagation de cette croyance chez eux et aujourd’hui ils le prennent, dans leur grande majorité, pour une vérité absolue.
    Si toute croyance d’un musulman doit avoir comme fondement le coran et la sunna, nous pouvons affirmer que l’argument des négateurs n’est en aucun cas conforme à ces derniers. Il ne se justifie ni à travers l’un, ni à travers l’autre. Cela ne les empêche nullement d’aller jusqu’à prêcher que le fait de croire en la venue d’un prophète après Muhammad, y compris un prophète qui est revenu, serait contraire aux principes de l’Islam.
    layène et qui cherchent à mieux la connaître. En milieu layène, les copies et reproductions de ces livres se comptent par centaines.
    5
    Cette croyance constitue une barrière qu’ils érigent contre la mission de Seydina Limamou (psl). C’est leur argument pour détourner les gens qui veulent s’intéresser à cette mission. C’est également leur moyen pour tenter de discréditer la communauté layène et les dépeindre comme allant à l’encontre des enseignements du Coran et de la Sunna.
    Il est très facile de comprendre que celui qui est convaincu qu’il ne viendra plus aucun prophète après Muhammad (psl) soit étonné d’entendre dire que Seydina Limamou se présente comme un envoyé de Dieu. Sa réaction pourra naturellement être celle d’un rejet, car sa conviction avait déjà exclu toute possibilité de la venue d’un prophète après Muhammad (psl).
    C’est la raison pour laquelle les disciples de Seydina Limamou Lahi (psl) doivent apporter la lumière sur la fausseté de ces arguments, s’ils tiennent à ce que les gens comprennent véritablement le sens de sa mission, et puissent répondre à son appel. Il faut faire admettre à ceux-là qui portent cette croyance, que celle-ci n’a aucun fondement valable. C’est une croyance qui contredit même les enseignements de l’islam comme nous allons le démontrer. En effet, il est impossible d’admettre que le coran et la sunna qui nous annoncent la venue d’un prophète en l’occurrence Jésus puissent en même temps nous annoncer qu’aucun prophète ne viendra après Muhammad, car « si un texte peut dire beaucoup, il ne peut pas pour autant, dire tout et son contraire.11 » On ne peut pas leur attribuer une telle contradiction.
    Parmi les théories scientifiques, il y a ce qu’on appelle la loi des contraires. Certains le surnomment théorie des opposés ou loi de la symétrie. Il existe sur plusieurs formes. La première est dénommée la loi de la chose et de l’anti-chose qui soutient que pour toute chose A, il existe une autre chose B, qui est son parfait contraire, l'antipode de A. Cette chose B ou anti-A est le parfait symétrique de A. Là où A n'existe pas, là forcément anti-A existe, et vice-versa. Et ne pas être A, c'est obligatoirement être anti-A, et vice-versa.
    Retenons à partir de là que toute chose a son parfait contraire et que la chose et son contraire ne peuvent pas exister dans un seul et même contexte. La « non venue » d’un prophète est la parfaite symétrie de « la venue » d’un prophète. Celui qui croit à « la non
    11 Cyrille Moreno, Analyse littérale des termes dîn et islâm dans le Coran : Dépassement spirituel du religieux et nouvelles perspectives exégétiques, Thèse, Université de Strasbourg, Ecole doctorale des Humanités, 2016, p. 48.
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    venue » d’un prophète après Muhammad (psl) écarte par cette seule croyance la possibilité de « la venue » d’un prophète après Muhammad (psl) et vice-versa. Le coran et la sunna ne peuvent pas enseigner à la fois ces deux théories contraires ; nous annoncer « la non venue » d’un prophète après Muhammad et en même temps nous annoncer « la venue » d’un prophète après lui (psl).
    La sémiotique, qui est une discipline des sciences du langage, nous enseigne que « la signification n’est possible que sur la base de différences.12 » En d’autres termes, ce qui rend possible l’entrée dans l’univers du sens c’est en premier lieu la perception de différence13. Si on n’arrive pas différencier nettement les choses, tout et n’importe quoi peuvent être semblés pareil à nos yeux. Alors que tout n’est pas pareil.
    Toujours dans la sémiotique, il y a ce qu’on appelle le jeu des différences illustré à travers le carré sémiotique14 qui stipule par exemple qu’entre A et non-A existe une relation de contradiction. Non-A est la négation de A. Le choix est nécessaire entre l’un et l’autre terme. C’est ce qui est appelé la loi de l’alternative. Ibn al-Najjâr le démontre dans Charh al-kawkab al-munîr.15.
    Nous retrouvons cette relation de contradiction sous une autre forme dans la grammaire française à travers la lexicologie, dans ce qu’on appelle les antonymes contradictoires, qui sont différents des antonymes contraires. En effet, les antonymes contradictoires sont en relation de disjonction exclusive. La négation de l’un des mots entraîne l’assertion de l’autre et vice-versa. Cela veut dire, en guise d’exemple, que « la non-venue » d’un prophète après Muhammad (psl) est en contradiction avec « la venue » d’un prophète après Muhammad (psl). L’islam ne peut soutenir que l’un des deux hypothèses. Il ne peut pas déclarer qu’aucun prophète ne viendra sur terre après Muhammad et en même temps déclarer qu’il y’aura un prophète qui viendra après celui-ci.
    12 Groupes d’entrevernes, Analyses sémiotique des textes, Presses universitaires de Lyon, 1979, p. 129.
    13 Idem.
    14 Le carré sémiotique ou des oppositions est un diagramme qui se présente, selon Jacques Fontanille dans Sémiotique du discours, « comme la réunion des deux types d’oppositions binaires en un seul système, qui gère à la fois la présence simultanée de traits contraires, et la présence et l’absence de chacun de ces deux traits. »
    15 Ibn al-Najjâr Cheikh Muhammad bun Ahmad bun ‘Abd al-‘Azîz bun ‘Alî, Charh al-kawkab al-munîr, Riyâd, Maktaba al-‘abîkân, 1993, Tome1, p. 69.
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    Partant de cela, nous allons constater que le Coran n’a jamais affirmé « la non venue » d’un prophète après Muhammad. Il a au contraire annoncé « la venue » d’un prophète après ce dernier en affirmant :
    وَإِنَّهُ لَعِلْ م لِ لسَّاعَةِ فَلَ تَمْتَرُنَّ بِهَ ا 16
    « Il (Jésus) sera un signe au sujet de l'Heure. N'en doutez point. »
    La confirmation de l’une des deux affirmations par le coran entraîne automatiquement l’exclusion de l’autre, car, deux opposés ne peuvent pas se réunir.17 La plupart des commentateurs du Coran soutiennent, à propos de ce verset, que la venue de Jésus se passera avant la fin des temps et qu’elle sera un signe majeur de l’approche de celle-ci. Ibn Kathîr dit à ce propos :
    المراد بذلك نزوله قبل يوم القيامة ، كما قال تبارك وتعالى : ) وإن من أهل الكتاب إلا ليؤمنن به قبل موته ( أي :
    قبل موت عيسى ، عليه الصلة والسلم ، ثم ) ويوم القيامة يكون عليهم شهيدا ( ، ويؤيد هذا المعنى القراءة الأخرى : "
    وإنه لعلم للساعة " أي : أمارة ودليل على وقوع الساعة )...( 18 .
    « Ce dont il est question dans ce verset c’est sa venue avant le jour du jugement dernier comme le Très-haut le dit encore lorsqu’il cite (Il n'y aura parmi les gens du Livre, qui l’auront cru avant sa mort19), c’est-à dire la mort de Jésus (psl), avant de rajouter (Et au Jour de la Résurrection, il sera témoin contre eux). Ce sens conforte celui qui stipule qu’il est un signe de l’Heure, cela signifie qu’il est un signe et une preuve par rapport à l’approche de l’Heure. »
    Il est donc clair à travers ces deux versets que le coran annonce la venue de Jésus avant la fin des temps. Cependant, même si nous reconnaissons que la sunna ne peut être en contradiction avec le coran, nous pouvons tout de même vérifier s’il existe des hadiths qui ont annoncé « la non-venue » d’un prophète après Muhammad afin d’écarter le doute. Cependant, en s’y prenant également, nous allons très rapidement nous rendre compte que la sunna n’a jamais annoncée « la non-venue » d’un prophète après Muhammad. Elle affirme plutôt l’inverse, étant ainsi en phase avec le coran. En ce faisant également, elle rejette tout comme ce dernier la conviction de la « non-venue » d’un prophète après Muhammad (psl).
    16 Sourate 43, verset 61.
    17 Ibn Taymiyya, al-Radd ‘alâ al-mantiqiyyîn, Bayrût, Dâr al-fikr al-lubnanî, 1ère édition, 1993, p. 66.
    ضدان لا يجتمعان .
    18 Ibn Kathîr Abû al-Fadâ Ismâ’îl, Tafsîr al-qur’ân al-‘azîm, al-Qâhirah, al-Fârûq al-hadîtha, 1ère édition, 2000, p. 323.
    19 Sourate 4, verset 159.
    8
    En effet, à travers les hadiths du prophète, l’information sur la venue de Jésus est qualifiée de notoire, c’est-à dire qu’elle remplit les conditions qui font qu’en science du hadith on ne puisse plus nier la réalité de celle information. Ibn Kathir confirme cela lorsqu’il dit :
    وقد تواترت الأحاديث عن رسول الله صلى الله عليه وسلم أنه أخب ر بنزول عيسى ] ابن مريم [ ، عليه السلم - -
    قبل يوم القيام ة 20
    « Les hadiths qui sont rapportés du messager de Dieu dans lesquels il informe de la venue d’Issa (ibn Maryam) sont notoires. »
    Même si l’on peut constater beaucoup de réserves de la part de spécialistes sur l’authenticité de ces hadiths, la notoriété de cette information, liée notamment à la multiplicité des chaînes de transmission qui la rapportent, fait d’elle une information indéniable en science du hadith21. Nous pouvons citer parmi ces hadiths :
    لَا تَقُومُ السَّاعَة حَتَّى يَنْزِلَ فِيكُمْ ابْنُ مَرْيَمَ )...( 22
    « La fin du monde n’adviendra pas avant qu’Jésus fils de Marie ne soit venu parmi vous. »
    Abû Hurayra et Muslim ont rapporté que le Prophète (psl) a dit :
    كيف أنتم إذا نزل بن مريم فيكم و إمامكم منك م 23 .
    « Comment est-ce que vous serez lorsque le fils de Marie vous viendra, accompagné de votre imam et en étant issus de vous. »
    Au vu de tout cela, il nous est difficile de comprendre que depuis 14 siècles, des musulmans aient pu entretenir l’idée selon laquelle plus aucun prophète ne devrait venir après Muhammad (psl). La question qu’il convient de se poser dès lors est comment en sont-ils arrivés là ?
    20 Idem.
    21 Voir la partie intitulée Seydina Limamou Lahi al-Mahdi (psl) et les hadiths sur le Mahdi pour mieux comprendre le hadith notoire et son statut juridique.
    22 Al-Kurdî ‘Abd al-Hamîd Râjih ‘Abd al-Hamîd, Sahîh al-‘Aqîda al-islâmiyya, ‘Umân, Dâr al-ma’mûn, 1ère édition, 2012, p. 187.
    23 Nâsif Mansûr ‘Alî, al-Tâj al-jâmi’ li al-usûl fî ahâdîth al-rusûl, Bayrût, Dâr al-Kutub al-‘ilmiyya, 1971, Tome 5, p. 322.
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    Comprendre le hadith lâ nabiyya ba’dî à travers l’appel de Seydina limamou Lahi (psl)
    Ceux qui soutiennent qu’aucun prophète ne viendrait après Muhammad s’appuient sur une interprétation visiblement erronée du hadith dans lequel le prophète dit : lâ nabiyya ba’dî24, qui signifie : « il n’y a pas de prophète après moi. » En effet, ce hadith ne dit pas qu’aucun prophète ne viendrait après Muhammad (psl), car l’affirmation « il n’y a pas de prophète après moi » est bien différente de « aucun prophète ne viendra après moi ».
    Malgré l’ambiguïté et la proximité qui existent entre ces deux affirmations, nous allons voir qu’il y’a un grand écart entre leurs différents sens. Ce n’est pas parce que les deux traductions sont proches qu’elles veulent pour autant dire la même chose. La sémiotique nous apprend que « ce qui rend possible l’entrée dans l’univers du sens c’est la perception de la différence, mais également le repérage d’écarts différentiels25. » L’individu doit faire l’effort de distinguer deux choses qui ne sont pas identiques, car un infime écart qui existe entre deux choses peut suffire pour les rendre totalement différentes.
    Dans la proposition « il ne viendra aucun prophète après moi », nous remarquons la présence du verbe « venir » que le Prophète (psl) n’a aucunement employé dans cette proposition. Il n’a pas dit lâ ya’tî nabiyyun ba’dî qui signifie « aucun prophète ne viendra après mois ». Il a plutôt déclaré lâ nabiyya ba’dî qui veut dire « il n’y a pas de prophète après moi ». C’est une proposition nominale qu’il a ainsi employée en Arabe. Il n’y a visiblement jamais évoqué une supposée « venue » ou « non venue » d’un prophète.
    Conscients qu’il pouvait y avoir une mauvaise compréhension de cette assertion, certains compagnons allaient jusqu’à interdire son évocation. L’imam al-Suyûtî mentionne ainsi qu’Aïcha, épouse du prophète, et al-Mughîrat ibn Chu'bat interdisaient d’affirmer qu’il n’y a pas de prophète après Muhammad26, alors qu’ils n’ignoraient pas que c’était bien une déclaration du prophète.
    On rapporte qu’Aïcha disait :
    24 Al-Suyûtî Jalâl al-Dîn, al-Durr al-Manthur fî al-tafsîr bi al-ma’thûr, al-Qâhirah, Markar hijr li al-buhûth wa al-dirâyât al-‘arabiyya wa al-islâmiyya, 1ère edition, 2004, Tome 12, p. 64.
    25 Groupes d’entrevernes, op. cit, p. 129.
    26 Al-Suyûtî, op. cit, p. 64.
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    لا تَقُولُوا : لا نَبِيَّ بَعْد مُحَمَّ د ، وَقُولُوا : خَاتَمُ النَّبِي ينَ ، فَإِنَّهُ يَنْزِلُ عِيسَى ابْنُ مَرْيَمَ )...( 27 .
    « Ne dîtes pas qu’il n’y a pas de prophète après Muhamed (psl). Dîtes (plutôt) qu’il est le dernier des prophètes, car il est certain qu’Issa ibn Mariam viendra. »
    Al-Mughîra ibn Shu'ba répliqua à un homme dire : « qu’Allah prie sur Muhammad, le dernier des prophètes, celui après qui il n’y a plus de prophète. »
    حسبك اذا قلت خاتم الأنبياء فأنا كنا نحدث ان عيسى عليه السلم خارج فان هو خرج فقد كان قبله وبعد ه 28.
    « Contente-toi de dire qu’il est le dernier des prophètes (sans y rajouter qu’il n’y a pas de prophète après lui), car nous avions l’habitude d’évoquer l’apparition d’Issa (psl), et lorsque ce jour viendra, Issa aura été avant et après Muhammad. »
    Il apparaît dans leurs propos qu’ils voulaient écarter l’idée selon laquelle aucun prophète n’allait plus venir, car cela ne serait pas en phase avec les enseignements du coran et de la sunna qui ont annoncé le retour de Jésus. Nous allons maintenant constater que le véritable sens de ce hadith a été donné par le prophète lui-même à travers une représentation imagée dans laquelle il apporte une clarification qui ne laisse place au moindre doute. Cette représentation existe dans plusieurs versions dont les suivants :
    مثلي في النبيين كمثل رجل بنى داراً، فأحسنها وأكملها وأجملها وترك فيها موضع لبنة لم يضعها، فجعل الناس
    يطوفون بالبنيان، ويعجبون منه ويقولون: لو تم موضع هذه اللبنة، فأن ا في النبيين موضع تلك اللبن ة 29.
    « Mon image par rapport aux prophètes est semblable à l’image d’un homme qui a construit une maison, l’a embellie, achevée, et décorée en y laissant l’emplacement d’une brique qui n’a pas été posée. Les gens sont venus par la suite la contempler et l’admirer avant de dire : Cet espace devrait être complété. Je représente parmi les prophètes l’emplacement de cette brique. »
    مثلي ومثل النبيين من قبلي كمثل رجل بنى دارا فأتمها إلا لبنة واحدة، فجئت أنا فأتممت تلك اللبن ة 30 .
    « Mon image comparée à celle des prophètes qui m’ont précédé est semblable à l’image d’un homme qui a construit une maison et l’a achevée excepté l’emplacement d’une seule brique. Je suis venu compléter cette brique manquante. »
    27 Al-Adhkâwî ‘Abdullah bun ‘Abdullah bun Salâmah, Mawsû’a al-asmâ wa al-a’lâm al-mubhama fî al-qurân al-Karîm, Riyâd, Maktaba al-‘ubaykân, 1ère édition, 2001, p. 119.
    28 Al-Suyûtî,op. cit, p. 64.
    29 Ibid, p. 63.
    30 Ibn Kathî Abû al-Fadâ Ismâ’îl bun ‘Umar, Tafisîr al-qurân al-‘azîm, Bayrût, Dâr Ibn Hazm, 1ère édition, 2000, P. 1505.
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    مَثَلِي وَمَثَلُ الْأَنْبِيَا ء مِنْ قَبْلِي كَمَثَ ل رَجُ ل ابْتَنَى بُيُوتًا فَأحَْسَنَهَا وَأَجْمَلَهَا وَأَكْمَلَهَ ا ، إِلَّا مَوْضِ ع لَبِنَ ة مِنْ زَاوِيَ ة مِ ن
    زَوَايَاهَا ، فَجَعَلَ النَّاسُ يَطُوفُونَ وَيُعْجِبُهُمُ الْبُنْيَانُ فَيَقُولُونَ : أَلَّا وَضَعْتَ هَاهُنَ ا لَبِنَ ةً فَيَتِمَّ بُنْيَانُكَ فَقَالَ مُحَمَّد صَلَّى اللُّ عَلَيْهِ وَسَلَّ مَ
    : فَكُنْتُ أَنَا اللَّبِنَ ةَ 31.
    « Mon image, comparée à celle des autres prophètes qui m’ont précédé est semblable à l’image d’un homme qui a construit des maisons, les a embellies, achevées et décorées excepté32 l’emplacement d’une brique sur un des coins de la maison. Les gens sont venus par la suite la contempler et l’admirer avant de dire : cette brique ne devrait-elle pas être posée ici afin qu’elle complète ta construction ? Muhammad (psl) dit : Je suis cette brique-là.
    مَثَلِي وَمَثَلُ الْأَنْبِيَاءِ ، كَمَثَلِ رَجُ ل بَنَى دَارًا فَأتََمَّهَا وَأَكْمَلَهَا إِلَّا مَوْضِعَ لَبِنَ ة ، فَجَعَلَ النَّاسُ يَدْخُلُونَهَا وَيَتَعَجَّبُونَ مِنْهَا ،
    وَيَقُولُونَ : لَوْلَا مَوْضِعُ اللَّبِنَةِ قَالَ رَسُولُ اللَّّ صَلَّى اللَّّ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ : فَأنََا مَوْضِعُ اللَّبِنَةِ ، جِئْتُ فَخَتَمْتُ الْأَنْبِيَاءَ 33.
    « Mon image, comparée à celle des autres prophètes qui m’ont précédé est semblable à l’image d’un homme qui a construit une maison et l’a achevée excepté l’emplacement d’une brique. Les gens sont venus y entrer pour admirer sa splendeur avant de dire : Si vraiment il n’y avait pas eu cet espace d’une brique. Le messager de Dieu dit : Je suis cet espace de la brique, je suis venu compléter les prophètes. »
    مَثَلِي وَمَثَلُ الْأَنْبِيَاءِ ق بْلِي كَمَثَلِ رَجُ ل بَنَى بُنْيَا نًا فَأحَْسَنَهُ وَ أَجمَلَهُ، إِلَّا مَوْضِعَ لَبِنَ ة مِنْ زَاوِيَ ة من زواياه فَجَعَلَ النَّاسُ
    يَطُوفُونَ بِهِ، وَ ي تَع ج بُونَ لَهُ, وَيَقُولُونَ: هَلَّ وُضِ عَتْ هَذِهِ اللَّبِنَةُ؟ قَالَ: فَأنََا اللَّبِنَةُ. وَأَنَا خَاتِمُ النَّبِي ي ن 34 .
    « Mon image, comparée à celle des autres prophètes qui m’ont précédé est semblable à l’image d’un homme qui a construit une maison, l’a embellie et décorée excepté l’emplacement d’une brique sur un des coins de la maison. Les gens sont venus par la suite la contempler et l’admirer avant de dire : cette brique ne devrait-elle pas être posée ? Je suis cette brique-là et je suis le dernier des prophètes. »
    Si nous observons cette illustration, nous allons nous rendre compte que le but de son message n’est pas d’annoncer la venue ou la non-venue d’un prophète après lui, mais plutôt de révéler la clôture du nombre de prophètes qui doit descendre sur terre. Le mot « excepté » est un des mots clés de cette représentation du prophète (psl). Il permet de percevoir qu’il manquait en effet une brique sur une place d’un coin de la maison. Cette exception permet de mettre l’accent sur ce manque. Elle indique que si la brique manquante est posée à sa place, le
    31 Idem.
    32 Il faut retenir cette exception sinon il sera impossible de comprendre l’illustration de ce hadith.
    33 Al-Naysâbûrî Abû al-Husayn Muslim bun al-Hjjâj, Sahîh Muslim, Bayrût, Dâr al-kutub al-‘ilmiyya, 1971, Tome 4, p. 25.
    34 Idem.
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    nombre de briques qui doit servir à parachever la construction de la maison sera atteint. Par conséquent, il ne peut plus y avoir d’emplacement pour une brique supplémentaire. Il parle de ce fait du complet et du non complet et non pas de venue et de non venue.
    A travers cette image, Muhammad (psl) se représente par rapport aux autres prophètes qui l’ont précédé, par cette brique qui vient compléter le nombre de briques nécessaires à l’achèvement de la construction. Il représente ainsi chaque prophète par une brique. L’apparition de l’ensemble des prophètes doit représenter l’aboutissement de la construction de la maison. Ainsi, chaque apparition d’un parmi eux est représentée par la pose d’une brique supplémentaire dans la construction. Il apparaît de ce fait que ce qu’il a voulu faire comprendre ce n’est rien d’autre que sa venue rend complet le nombre de prophètes devant descendre sur terre, tout comme cette brique rend complet le nombre de briques qui doit servir à l’achèvement de l’édifice. Ainsi il ne devrait plus y avoir un nouveau prophète après lui, car il est le dernier à être envoyé, les autres l’ayant déjà précédé. Ibn Hajar reconnaît cela lorsqu’il dit :
    نعم ظاه ر السياق أن تكون اللبنة في مكان يظه ر عدم الكمال في الدا ر بفقدها، وقد وقع في رواية همام عند مسلم:
    )إلا موضع لبنة في زاوية من زواياها( فظه ر أن المراد أنها مكملة محسنة وإلا لاستلزم أن يكون الأم ر بدونها كان ناقصا،
    وليس كذلك فإن شريعة كل نبي بالنسبة إليه كاملة، فالمراد هن ا النظ ر إلى الأكمل بالنسبة إلى الشريعة المحمدية، مع م ا
    مضى من الشرائع الكاملة 35 .
    « Effectivement, ce qui apparaît, c’est que la brique doit être posée sur cette place sinon la maison demeurera inachevée. C’est ce qui ressort notamment de la version de Himâm rapportée par Muslim dans lequel il est dit : (excepté l’emplacement d’une brique sur un des coins). Il apparaît donc que l’objectif est que cette brique vienne compléter et embellir la maison à défaut de quoi elle restera incomplète. Cependant, il ne faut pas le comprendre ainsi, car la législation de chaque prophète est complète par rapport à ce prophète. Le but est donc de faire apparaître que la législation de Muhammad est la plus complète comparée à celles des autres prophètes. »
    Le commentaire rajouté par Ibn Hajar aurait pu avoir du sens si le but de cette représentation était de comparer la législation des prophètes à celle du prophète. Or, ce dont il est question dans l’image de la maison inachevée, c’est de représenter qu’il est le dernier des arrivés, et que tant que sa venue ne s’était pas réalisée, la venue des prophètes resterait inachevée. Il a été précédé par tous les autres. Il n’a aucunement été question de législation
    35 Ibn Hajar Ahmad bun ‘Alî, Fath al-bârî bi charh sahîh al-imâm Abî ‘Abdullâh Muhammad bun Ismâ’îl al-Bukhârî, al-Maktaba al-salafiyya, Tome 6, p. 559.
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    dans cette image. En plus, le but de cette représentation était de rendre compréhensible son message pour y écarter toute ambiguïté, et non pas d’en cacher quelque chose, raison pour laquelle nous devons nous en tenir à ce qui y apparaît clairement et qui n’a besoin d’aucune interprétation. C’est ce qui est confirmé par Idrîs Muhammad Idrîs lorsqu’il commente ces hadiths en disant :
    إذا نظرنا في الاحاديث السابقة نجد انها تتناول قضية الختم من طريق التمثيل و التشبيه الذي هو أقرب الاساليب
    الى الفهم حيث شبه النبي صلى الله عليه وسلم النبوة ببيت لبناته هم انبياء الله عز و جل الذين اختارهم قبل نبينا عليه أفضل
    الصلة و السلم و ان البيت قد بني و جمل و كمل و لم يبق فيها الا موضع لبنة واحدة و لا يزال البيت بدونها ناقصا فجاء
    رسول الله صلى الله عليه وسلم فكمل ذلك البناء و سد ذلك المكان و لم يبق ثمة موضع آخر للبنة أخرى تجيء بعد )... ( 36.
    « Lorsque nous regardons ces hadiths, nous trouvons qu’ils traitent de la question du parachèvement à travers la comparaison ou représentation qui est la meilleure méthode pour faciliter la compréhension. Le prophète (psl) y compare la prophétie à une maison dont les briques sont les messagers de Dieu qui ont été choisis pour venir avant lui. Cette comparaison montre que la maison est construite, décorée et achevée et qu’il n’y reste plus que l’emplacement d’une seule brique. La maison est restée inachevée jusqu’à ce que le messager de Dieu (psl) soit venu compléter la construction et combler l’espace, faisant ainsi qu’il ne restait plus aucune place supplémentaire où une autre brique pourrait être posée. »
    L’exemple que nous donnons pour mieux faire percevoir la différence qui existe entre « il n’y a pas de prophète après Muhammad (psl) » et « il ne viendra plus aucun prophète après Muhammad (psl) » est celui de la personne à qui on refuse l’accès à une salle sous prétexte que l’effectif est déjà atteint alors qu’elle est inclue dans cet effectif. En effet, si après la venue du dernier des invités dans cette salle, plus personne ne doit plus pouvoir y accéder au risque de dépasser l’effectif, rien ne peut justifier qu’il soit empêché aux invités pris en compte dans le calcul de cet effectif de pouvoir reprendre leur place lorsqu’ils reviennent d’une absence momentanée. De la même manière, l’annonce de la venue de Jésus n’est pas en contradiction avec le fait que Muhammad soit le dernier des prophètes qui sont apparus, car, Jésus était déjà apparu avant lui, sa venue n’est qu’un retour. Elle ne signifie pas l’apparition d’un nouveau prophète. C’est comme cela que l’entend al-Zurqânî lorsqu’il dit :
    36 Idrîs Abû ‘Abdullah Idrîs Muhammad, Mazâhir al-onhirâfât al-uqadiyya ‘inda al-sûfiyya wa atharuhâ al-sayyi’ ‘alâ al-umma al-islâmiyya, al-Riyâd, Maktaba al-ruchd, 2005, Tome1, p. 607.
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    من لا نبي بعده يكون أشفق على أمته و هو كالوالد لولد ليس له غيره، ولا يقدح نزول عيسى بعده، لأنه يكون على
    دينه مع ان المراد أنه آخر من نبئ، و كذا الحضر و الياس على بقائهما الى آخر الزمان تابعان لأحكام هذه الملة 37 .
    Celui après qui il n’y a plus de prophète est plus compatissant envers sa communauté. C’est comme un parent qui n’a qu’un seul enfant. La venue de Jésus n’est pas incompatible avec le fait qu’il soit le dernier des prophètes, car Jésus sera de sa communauté, et en plus, ce qu’il veut vraiment dire (à travers je suis le dernier des prophètes) c’est que de tous les prophètes, c’est lui qui est apparu en dernier.
    Ibn al-Sâ’ih dit également à ce propos :
    معنى )خاتم النبيين( خاتم نبوة النبيين: أي علمة تمامها و خاتم بيتها فل ينبأ احد بعده )... ( 38 .
    « Le sens de (khâtam al-nabiyyîn) c’est le parachèvement de la prophétie des prophètes, en d’autres termes, il marque la fin de la prophétie et clôture la maison de la prophétie. Personne n’apparaîtra comme nouveau prophète après lui (…). »
    Cela apparaît encore d’une manière très dans le hadith suivant :
    إني خلقت فبل الأنبياء و بعثت بعدهم .
    « J’ai été créé avant les prophètes et j’ai été envoyé après eux. »
    Dans notre exemple, il faudra savoir que les invités qui reviennent pour accéder à la salle doivent pouvoir justifier qu’ils font partie de l’effectif pris en compte, avec les moyens valables qui seront mis à leur disposition. Par contre, pour ce qui est de l’individu qui prétend être un prophète, il ne lui sera pas demandé les mêmes types de preuves que ces invités, mais plutôt des mu’jizas39 pour attester de la véracité de sa mission, car ce sont les seules preuves valables pour les envoyés de Dieu (psl).
    37 Al-Zurqânî Abû ‘Abdullah Muhammad bun ‘Abd al-Bâqî, Charh al-mawâhib al-dîniyya bi al-minah al-muhammadiyya li al-qastalânî, Bayrût, Dâr al-kutub al-‘ilmiyya, 1971, Tome 7, p. 236.
    38 Ibn al-Sâ’ih Muhammad al-‘Arabî bun Muhammad, Bughyat al-mustafîd li char munyat al-murîd li al-Caykh Abî al-‘Abbâs al-Tîjânî, Bayrût, Kitâb Nâchirûn, p. 152. Il explique le ver :
    ثم على الفاتح ما قد اغلق و من به ختمُ من قد سبق
    39 Nous donnons la définition dans la partie qui suit.
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    Les phénomènes extraordinaires qui attestent de la véracité de la mission Seydina Limamou Lahi al-Mahdi (psl)
    Pour que les vrais messagers de Dieu puissent se faire distinguer des usurpateurs, il faut qu’ils puissent disposer de faits extraordinaires qui ne peuvent pas être fabriqués de toutes pièces par les humains, sinon, chaque individu qui en serait capables pourrait un jour se déclarer être un messager de Dieu et il n’y aurait plus de possibilité pour les humains de distinguer les vrais des faux. Dieu a garanti de donner à Ses messagers (pse) ces types de preuves inimitables. Cela apparaît à plusieurs reprise à travers le coran lorsqu’Il raconte leurs histoires, de même que lorsqu’Il dit :
    لَقَد أَرْسَلْنَا رُسُلَنَا بِالْبَي نَاتِ 40
    « Nous avons effectivement envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes »
    Pour nous renseigner sur la nature de ces preuves évidentes, le prophète (psl) nous dit :
    مَا مِنَ الأَنْبِيَاءِ مِنْ نَبِ ي إِلا قَد أُعْطِيَ مِنَ الآيَاتِ )...(. 41
    « Aucun prophète n’a été envoyé sans qu’il ne lui soit octroyé des miracles (...) »
    On peut déduire de cet enseignement du prophète que ces preuves apportées par les envoyés de Dieu sont les miracles qu’ils produisent. Cependant, pour écarter l’idée qui consiste à croire que tous ceux qui produisent des miracles seraient des prophètes, les savants ont pu dissocier les miracles qui sont accomplis par ceux qui se sont déclarés être des envoyés de Dieu, de ceux qui ne sont pas déclarés être des envoyés de Dieu et qui sont des saints.
    Ainsi, les miracles de ceux qui se sont déclarés être des envoyés de Dieu sont dénommés mu’jiza, et ceux produits par des saints qui n’ont jamais prétendus être des envoyés de Dieu sont dénommé karâma. Il existe aussi d’autres faits qui ressemblent à des miracles mais qui ne sont en réalité que de l’illusion ou de la prestidigitation qui vise faussement à émerveiller. Ils ne sont que des mensonges et des tromperies comme le coran nous le révèle42.
    40 Sourate 57, verset 25.
    41 Al-Zurqânî, op. cit, p. 236.
    42 Sourate 7, verset 116-117.
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    C’est pour mieux distinguer ces faits que le terme mu’jiza a été défini comme un phénomène extraordinaire qui se réalise en tant que défi que personne ne pourra relever43, et dont l’objectif est de confirmer la véracité44 de l’allégation de celui qui se déclare être un envoyé de Dieu45. Des savants précisent en effet que ce phénomène extraordinaire ne doit pas constituer un démenti pour la personne qui s’est déclarée, comme ce fut le cas pour Musaylimah. Il est rapporté que ce genre de faits apparaissaient et contredisaient ces prédictions46.
    Al-Suyûtî donne cette définition du mu’jiza dans al-Itqân :
    اعلم ان المعجزة ام ر خارق للعادة، مقرون بالتحدي، سالم عن المعارضة 47 .
    « Sache que le mu’jiza c’est un phénomène extraordinaire qui ne peut être rivalisé à aucune autre chose, et qui est accompagné du défi. »
    Ibn Taymiyya rejette quant à lui le critère du défi, soulignant que beaucoup de mu’jiza avaient été accomplis par des prophètes qui n’avaient pas annoncé qu’ils allaient constituer des défis. Beaucoup de savants comme al-Subkî ont ainsi été conduits à préciser que ce défi ne constitue pas le fait d’annoncer ces faits avant leur réalisation, mais plutôt de s’être déclaré prophète. C’est ainsi que ce dernier affirme :
    المعجزة ام ر خارق للعادة، مقرون بالتحدي، سالم مع عدم المعارضة، و التحدي الدعو ى 48 .
    « Le mu’jiza c’est un phénomène extraordinaire qui ne peut être rivalisé à aucune autre chose, et qui accompagne le défi. Le défi c’est le fait de s’être déclaré prophète. ».
    43 Al-Suyûtî, Al-itqân fî ulûm al-qurân, Taba’a jadîda muhaqqaqa mukhrijat al-ahâdîth ma’a al-hikam li-l-‘allâma Vhu’ayb al-arnût, Bayrût, 2008, p. 645. Khalîl al-Qatân, mabâhith fî ‘ulûm al-qurân, Caire, 7e edition, 1990, p. 250. Nous retrouvons des définitions similaires sous d’autres reformulations à la page 63 du tome 1 de Manâhil al-‘irfân de Muhammad ‘Abd al-‘Adhîm al-Zarqânî, de même qu’aux pages 14 et 15 de Munawwi’ât al-nubuwwa al-mu’jizât d’al-Husaynî Abû farha.
    44 Al-Mâwardî Abû al-Hasan ‘Alî bun Muhammad, A’lâm al-nubuwwa, Bayrût, Dâr al-kutub al’ilmiyya, 1ère édition, 1986, p. 25.
    45 Cet but des miracles qui consiste à confirmer véracité de la mission des prophètes est rapporté à travers les livres que nous venons de citer de même que tous les autres qui traitent des miracles des prophètes. Cheikh Ahmad Bamba l’a cité notamment dans tazawwud al-sighâr lorsqu’i dit :
    اما على صدقهم الدليل فمعجزات انزل الجليل
    « Quant à ce qui justifie qu’ils sont véridiques ce sont les miracles que Dieu fait apparaître sur eux. »
    46 Ibn Kathir, al-bidâya wa al-nihâya, in maqtal Musaylimat al-kadhâb, Bayt al-afkâr al-duwaliyya, p. 1017.
    On cite par exemple que l’eau qui restait dans un puits avait disparu alors qu’il avait prédit qu’elle allait devenir abondante.
    47 Al-Suyûtî, Al-itqân fî ulûm al-qurân, op. cit, p. 645.
    48 Al-Sûsî Abû al-Tayyib Mawlûd al-Sarîrî, Munâzarât wa muhâwarât fiqhiyya wa usûliyya, Bayrût, Dâr al-kutub al-‘ilmiyya, 1971, p. 252.
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    Ibn Tamiyya précise qu’un mu’jiza est un phénomène extraordinaire, qui ne peut être réalisé que par des vrais prophètes. En effet, selon lui, si un faux prophète peut disposer des mêmes preuves que les vrais prophètes, alors il ne sera plus possible de pouvoir distinguer les vrais prophètes des faux prophètes. Il conteste ainsi les allégations d’al-Bâqilânî qui soutient qu’un ensorceleur pourrait être capable de produire les mêmes phénomènes extraordinaires que ceux réalisés par les prophètes, et que c’est pour cette raison que la déclaration de la prophétie et l’annonce du défi constituent les seules choses qui peuvent permettre de distinguer un vrai prophète d’un faux49.
    En effet, al-Bâqilânî souligne que l’ensorceleur qui prétendrait être un envoyé de Dieu et voudrait utiliser sa sorcellerie comme preuve se verrait soit rivaliser par un autre ensorceleur qui pourrait relever son défi en réalisant la même chose que lui, soit perdre toutes ses compétences en sorcellerie50. Ibn Taymiyya condamne avec véhémence ces propos qu’il considère comme faisant partie des plus grandes offenses envers les messagers de Dieu (psl)51. Il se justifie en disant :
    نفس ما يدل على صدق الصادق بمجموعه امتنع أن يحصل للكاذب وحصوله له ممتنع غي ر مقدو ر .
    وأما خلق مثل تلك الخارقة على يد الكاذب فهو ممكن والله سبحانه وتعالى قاد ر عليه لكنه لا يفعله لحكمته .(…)
    والمعج ز تصديق وتصديق الكاذب هو منزه عنه والدال على الصدق قصد الرب تصديق الصادق وهذا القص د
    يمتنع حصوله للكاذب فيمتنع جعل من ليس برسول رسولا وجعل الكاذب صادقا .(…) 52
    « Ce qui prouve la véracité d’un vrai prophète ne peut pas être à la portée d’un faux prophète et il lui sera impossible de l’acquérir.
    Quant au fait qui consiste à rendre le menteur capable de réaliser les mêmes phénomènes extraordinaires que ceux qui sont réalisés par les vrais messagers, Dieu le Très Haut en a le pouvoir, mais Il ne le fera jamais par sagesse (…).
    Car un phénomène extraordinaire (apporté par un prophète) c’est une approbation, et il n’est pas possible de considérer que Dieu puisse apporter une approbation à un menteur. L’objectif de Dieu lorsqu’Il donne une confirmation à un messager c’est de désigner qu’il est véridique. Le menteur ne
    49 Ibn Taymiyya Abû al-‘Abbâs, Kitâb al-nubuwwât, Riyâd, Maktaba adwâ al-salaf, 1ère édition, 2000, Tome 1, p. 229.
    50 Ibn al-Bâqilânî Abû Bakr Muhammad bun al-Tayyib, Kitâb al-bayaân, Bayrût, al-Maktaba al-charqiyya, 1958, p.94-96.
    51 Ibn Taymiyyah, op. cit, p. 229. هذا من أعظم القدح في الأنبياء، اذا كانت آياتهم من جنس سحر سحرة وكهامة الكهان.
    52 Ibid, p. 240-241.
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    peut pas obtenir la même preuve que celle qui est accordée au véridique. Il n’est pas possible qu’un faux prophète puisse paraître comme un vrai prophète (…). »
    Ibn Hazm confirme cela en disant que :
    و الله تعالى قاد ر على اظها ر الآيات على ايدي الكذابين المدعين للنبوة، ولكنه لا يفعل ذلك كما لا يفعل ما لا يريد
    ان يفعله من سائر ما هو قادر عليه 53 .
    « Dieu le Très-Haut a le pouvoir de faire apparaître les signes (qu’il donne aux prophètes) chez les faux prophètes, mais Il ne le fera pas, tout comme Il ne fera pas ce qu’Il ne voudra pas faire alors même qu’Il est capable de le faire. »
    Al-Mâwardî déclare aussi à ce sujet :
    و لا يجوز ان يظهر الله المعجز مما يجعله دليل على صدقه في غير النبوة )... ( 54 .
    « Il n’est pas possible que Dieu fasse apparaître le phénomène extraordinaire (miracle) qui sert de preuve à son prophète chez le faux prophète. »
    Yûsuf al-Yasû’î dans son analyse du livre d’al-Bâqilânî affirme :
    الموجب لإظهار المعجز على يد النبي هو ادعاء الرسالة على الله. فل بد له من آية تظهر على يده يفصل بها
    المكلفون لصدقه بينه و بين الكاذب المتنبئ. و إلا لم يكن لهم إلى فعل العلم بما ك ل فوه سبيل و لا الى ت ركه. لا دليل يُفصل بين
    الصادق و الكاذب في ادعاء الرسالة الا الآيات المعجزة 55 .
    « Ce qui rend obligatoire l’apparition d’un phénomène extraordinaire chez un prophète, c’est la déclaration de la prophétie. Il doit obligatoirement faire apparaître un signe d’approbation qui permet à tous ceux qui ont une responsabilité envers Dieu de pouvoir le distinguer d’un faux prophète. Sinon, ces derniers n’auront pas la possibilité de savoir s’ils ont la responsabilité de le suivre ou pas. Il n’existe aucun moyen de distinguer le vrai prophète du faux en dehors des signes extraordinaires. »
    Le terme karâma est, quant à lui, défini comme « un phénomène extraordinaire qui n’est lié à une déclaration de prophétie, et que Dieu fait apparaître chez certains de Ses nobles serviteurs pour les honorer56. » Sa nature n’est donc pas différente de celle du mu’jiza57. Ce
    53 Ibn Hazm Abû Muhammad ‘Alî bun Ahmad, al-Fisal fî al-milal wa al-ahwâ’ wa al-nihal, Bayrût, Dâr al-kutub al-‘ilmiyya, 1971, Tome 2, p. 168.
    54 Al-Mâwardî op. cit, p. 28.
    55 Al-Bâqilânî, op. cit, p. 26. Il résume ainsi le paragraphe 43 de ce livre.
    56 Al-Sûsî,op. cit, p.252. Majmû’ fatâwa wa rasâ’il Muhammad bun Sâlih al-‘Uthaymin, jam’ wa tartîb Fahd bun Nâsir bun Ibrâhim al-Sulaymân, al-taba’a al-akhîra, Riyâd, Dâr al-watan li-l-nashr, 1413 H, Tome 4, p. 311.
    Al-Karâma, Mawsû’at al-nâbulsî, https://www.nabulsi.com/web/article/6201 07/09/19.
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    n’est que la déclaration de la prophétie qui les différencie58. Cependant, à partir de cette définition, nous constatons que ce ne sont donc pas chez tous les saints qu’apparaissent des miracles, mais seulement chez certains parmi eux, alors que les prophètes doivent tous accomplir des miracles pour se justifier.
    Fort de ce constat, nous pouvons affirmer qu’en réalité, si nous nous appuyons sur les faits, il devrait nous être plus facile de reconnaître un vrai prophète que de reconnaître un saint homme. En effet, si le premier a l’obligation d’accomplir des miracles qui doivent lui servir de preuves, le second n’a par contre aucune obligation d’accomplir des miracles pour confirmer de sa sainteté, ni de divulguer les faveurs que Dieu lui a accordé59.
    Paradoxalement, de nos jours, des gens proclament l’apparition de saints un peu partout sans pouvoir en apporter une preuve palpable, se basant uniquement sur les apparences, et beaucoup de charlatans en profitent pour attirer des foules qu’ils dévient pour les exploiter à des fins personnelles. Au même moment, un prophète qui a apporté des preuves, en ayant accompli des miracles apparents et éternels est renié. Cela est un phénomène face auquel nous assistons et qui est en totale contradiction avec les enseignements de l’islam que nous venons de voir.
    Seydina Limamou Lahi (psl) a en effet accompli un nombre incalculable de miracles qui peuvent être classés en deux catégories : ceux qui nous sont racontés et qui ne sont pas restés éternellement visible à l’oeil nu60, et d’autres qui se sont éternisés et qui sont toujours perceptible. Nous nous réjouissons aujourd’hui du fait qu’il en existe encore certains que nous pouvons faire prévaloir comme arguments face à la ténacité des négateurs. N’eût été cela, nous aurions été dans l’impossibilité de démontrer qu’il avait fait des miracles. Nous n’oserions peut-être même pas les raconter. Il y en aurait eu probablement certains qui pourraient être niés par ses disciples tellement ces faits sont invraisemblables, tel que le recul de la mer des rives de Yoff61.
    57 Al-Bâqilânî, op.cit, p. 109. Il est considéré également comme étant un mu’jiza du prophète dont ce saint est disciple, car n’eût été qu’il le soit Dieu ne lui aurait pas fait cet honneur.
    58 Al-Fahdâwî ‘Abd al-Jalîl Ibrâhîm Hamâdî, Khawâriq al-‘Âdât ‘inda al-muslimîn, Bayrût, Dâr al-kutb al-‘ilmiyya, 1971, p. 224.-225.
    59 Idem.
    60 Nous en citerons certains dans la partie intitulée Quelques Autres miracles de Seydina Limamou Lahi (psl).
    61 Baye Abdoulaye Sylla, husn al-jawâb, p. 6 vers 36-37.
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    En effet, si le mausolée de Seydina Limamou Lahi (psl) ne se trouvait pas sur la plage face à l’océan, nous n’aurions probablement pas eu le courage de dire qu’il a fait reculer la mer, notamment du fait que tout le monde constate le phénomène de l’érosion côtière qui n’épargne aucune côte. L’instauration de son mausolée sur une plage de la mer après qu’il ait garanti que celle-ci n’avancerait jamais sur cette rive est la preuve éternelle qui nous sert d’argument pour prouver qu’il l’avait bel et bien reculée62.
    Ceci est un fait que nous ne nous limitons pas simplement de raconter. Nous le montrons à quiconque tient à le constater, car son mausolée se dresse bel et bien face à l’océan atlantique qu’il avait reculé avant de fixer une ligne qu’il avait annoncé être la frontière que celle-ci ne dépasserait plus jamais. Depuis plus de cent ans (depuis 1909 jusqu’à nos jours en 2019), son mausolée ainsi que le cimetière de ses disciples tiennent sur le rivage de Yoff sans que cet océan ne soit une menace pour eux.
    Au même moment, l’avancée de la mer est constatée dans tous les continents et la rapidité de sa progression inquiète de plus en plus. Certaines localités, ont assisté en vain à la destruction de leurs cimetières par la mer. Ils ont dû déplacer leurs habitations qui, à l’origine, étaient loin des côtes. Des tombes ont été emportées et d’autres déplacées face à la furie de l’océan, comme on l’a vu notamment au Sénégal (à Rufisque). Ces cimetières n’étaient pas érigés sur la plage, mais avec le temps leur emplacement s’est transformé en bordure de mer. Si ce n’est Dieu qui lui a permis de parvenir à cela qui d’autres pourrait le faire ?
    Ibn Taymiyya affirme de nouveau :
    كيف تقتضي حكمته ان يسوي بين الصادق و الكاذب فيؤيد الكاذب من آيات الصدق بمثل ما يؤيد به الصادق حتى
    لا يعرف هذا من هذا، و ان يرسل رسول يأمر الخلق بالإيمان به و طاعته، و لا يجعل لهم طريقا من معرفة صدقه، و هكذا
    كتكليفهم بما لا يقدرون، و ما لا يقدرون على ان يعلموه، و هذا ممتنع في صفة الرب، و هو منزه عنه سبحانه، فانه لا يكلف
    نفسا الا وسعها، و قد علم من سنته و عادته انه لا يؤيد الكذاب بمثل ما ايد به الصادق قط )... ( 63 .
    « Comment la sagesse divine pourrait-elle admettre qu’Il mette le véridique et le menteur sur le même pied d’égalité en donnant au faux prophète les mêmes signes de vérité qu’Il donne au vrai prophète rendant impossible de pouvoir distinguer le vrai du faux ! Comment pourrait-Il envoyer à Ses créatures un prophète à qui Il leur demande de croire et de lui obéir sans pour autant leur donner la possibilité de reconnaitre sa véracité ! Ce serait comme leur imposer une chose qu’ils ne peuvent pas et
    62 Selon les témoignages, l’événement s’est produit le lendemain d’un jour où la mer avait envahie les habitations à Yoff.
    63 Ibn Taymiyya Abû al-‘Abbâs, Kitâb al-nubuwwât, Bayrût, Dâr al-kutub al-‘ilmiyya, p. 244-245.
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    ne pourront jamais faire. Cela est une chose que nous ne pouvons pas attribuer au Seigneur, Il est au-dessus de cela, gloire à Lui. Il n'impose à aucune âme quelque chose qui soit au-dessus de sa capacité. Il a fait connaître sa tradition, qui est qu’Il n’accorde jamais à un faux prophète le même soutien que celui qu’Il accorde au vrai prophète. »
    Nous pouvons citer parmi les miracles probants de Seydina Limamou (psl) le puits de Diamalaye qui fournit de l’eau douce alors qu’il se situe également sur la plage en face de son mausolée. Nous pouvons également citer l'empreinte de son pied droit sur un rocher qui se trouve à Ngor. Nous pouvons citer aussi les tombes de ses disciples qui sont vides. Plusieurs membres d’une même famille sont en effet inhumés sur dans seule tombe car il avait garanti que ses disciples ne resteraient pas sous terre.
    La chose surprenante que nous avons remarquée à propos des négateurs de la mission de Seydina Limamou (psl), c’est que malgré leur détermination, il y’en a pas un seul qui nie qu’il ait réalisé des miracles. La raison à cela est sans doute qu’ils sont conscients que ces miracles sont à la vue de tout le monde et que par conséquent ils ne peuvent pas les nier, notamment avec les apparitions régulières de Seydina Issa Rouhou Lahi son fils et premier calife.
    Tenter de nier ces miracles serait une propagande en faveur de la mission de Seydina Limamou Lahi psl), car cela encouragerait une multitude de personnes à aller vérifier d’eux-mêmes. C’est la raison pour laquelle ils se retiennent de le faire. Ils évitent même d’aborder la question de l’importance des miracles dans la mission d’un prophète. En effet, aborder cette question mettrait plus de lumière sur cette révélation qu’ils souhaitent représenter comme sombre et irrationnelle. Pire même, nous constatons qu’ils tentent de minimiser l’importance des miracles dans la confirmation de la mission d’un prophète. Ils attendent impatiemment que l’océan démolisse son mausolée. Ils peuvent bien continuer d’attendre, comme ont attendu depuis plus de cent ans des générations avant eux. Leurs références que nous venons de citer ne minimisent pas l’importance des phénomènes extraordinaires dans la mission des prophètes, car ils savent qu’ils constituent les preuves évidentes que Dieu leur a réservés.
    Les négateurs qui soutiennent qu’aucun prophète ne viendra après Muhammad (psl), et utilisent le hadith dit : « il n’y a pas de Prophète après moi », ainsi que le verset qui dit que « Muhammad n'a jamais été le père de l'un de vos hommes, mais le messager d'Allah et le
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    dernier des prophètes Allah est Omniscient64 » doivent se rendre à l’évidence et reconnaître l’incohérence de leur interprétation qui contredit le coran et la sunna. Ils doivent avoir l’humilité d’accepter les signes de Dieu.
    64 Sourate 33, verset 40.
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    Des retours à la vie rapportés par le Coran
    Le Coran nous enseigne qu’un homme a été mort pendant un siècle avant d’être ramené à la vie par Dieu (swt)65. Une grande majorité de savants soutient qu’il s’agissait du prophète Uzayr (psl). C’est quelqu’un qui parvenait à dialoguer avec Dieu (swt) comme le faisait le prophète Moïse (psl).
    Un jour qu’il traversait un village en ruine, il s’étonna de l’état de dévastation dans lequel celui-ci se trouvait et s’exclama :
    « Comment Dieu pourra-t-il redonner vie à celui-ci après sa mort ? ».
    Pour lui démontrer que cela ne Lui était pas impossible, Dieu (swt) le tua avant de le ramener à la vie cent ans plus tard. Il l’interrogea :
    - « Combien de temps es-tu resté ici ? »
    L’individu répondit :
    - « Je suis resté un jour ou un peu moins ! ».
    Dieu (swt) lui répondit :
    - « Tu y es resté en réalité pendant cent ans. Regarde donc ta nourriture et ta boisson : Elles ne se sont pas décomposées. »
    Puisqu’une nourriture et une boisson peuvent parfois tenir un jour sans se décomposer, le fait que celles-ci ne se soient pas gâtées n’apparaît pas comme une preuve qui justifie que cent ans s’étaient écoulés. Dieu lui indiqua alors d’observer son âne comme preuve de la période qui s’était écoulée. Il découvrit les restes d’un âne mort depuis fort longtemps.
    Dieu (swt) lui dit :
    - « Regarde ton âne… Je ferai de toi un miracle pour les hommes. Regarde les ossements (de l’âne) comment Nous les assemblons et les revêtons de chair. »
    65 Sourate 2, verset, 259.
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    L’individu assista à la ressuscitation de son âne mort il y a cent ans et dont il ne restait plus que poussière et os. Face à l’évidence et à la grandeur de ce qui venait de se produire sous ses yeux il s’exclama :
    - « Je sais qu’Allah est Omnipotent. »
    Le Coran nous raconte aussi l’histoire d’individus qui avaient déserté leur territoire pour fuir la mort. Ils étaient partis de chez eux par milliers pour échapper à la peste comme le rapportent des savants66. Leur fuite ne leur a pas permis malgré tout de ne pas croiser la mort comme c’est rapporté par le coran :
    « N'as-tu pas vu ceux qui abandonnèrent leurs demeures, étant des milliers à vouloir fuir la mort ? Puis Allah leur dit: "Mourez" (et ils moururent tous). Puis Il les ramena à la vie67. »
    L’on raconte qu’un prophète du nom de Hazqîl (psl) serait passé par l’emplacement où la mort les avait rattrapés et découvrit leurs restes. Ayant eu connaissance de leur histoire, il implora Dieu (swt) de les ramener à la vie et sa prière fut exaucée68.
    A travers ces histoires ainsi que d’autres encore dans le coran comme celle des notables du peuple de Moïse69, le Seigneur nous apprend qu’Il peut ramener à la vie des personnes qui ont déjà vécu dans le passé. Il se réserve le droit de faire ce qu’Il souhaite des âmes de Ses créatures et avait mis en garde contre les spéculations là-dessus lorsqu’il dit :
    Et ils t'interrogent au sujet de l'âme, -Dis: « L'âme relève de l'Ordre de mon Seigneur. » Et on ne vous a donné que peu de connaissance.
    Ibnu-l-Amîn
    66 Al-Tabarî Abû Ja’far Muhammad bun Jarîr, Jâmi’ al-bayân ‘an ta’wîl al-qurân, al-Qâhirah, Maktaba Ibn Taymiyya, 2e édition, Tome 5, p. 267.
    67 Sourate 2, verset 243.
    68 Al-Tabarî, op. cit, p. 267.
    69 Sourate 2, verset 55.

Mame  Libasse Thiaw Laye

Cheikh Laye Mbengue

Contribution:

Seydina Limamou Lahi psl est le Prophète. Il a incarné le caractère du  prophète mouhamad psl à qui l’on se réfère à ses dires : « Le mahdi suivra mes traces et n’en déviera pas. » 

Seydina Limamou Lahi psl disait « si vous voyez dans mes actes et mes paroles une seule différence entre avec ceux de Mouhamad, sachez que je ne suis pas le Mahdi. »

Malgré tout, les adversaires n'ont pas manqué de s'armer de quelques divergences d'opinions sur certains points concernant le retour du Prophète psl. 

Au début de la révélation (Mana demb mana tay), alors que les observations sont encore incomplètes, il n'est pas étonnant que chacun l'envisage à son point de vue et que des systèmes contradictoires se produisent ; mais la plupart de ces systèmes sont, aujourd'hui, tombés devant une étude plus approfondie du retour du prophète Mouhamad, revenu en tant Mahdi du nom de Seydina Limamou lahi psl.

 Il n’est pas nécessaire de nous inquiéter de ces divergences dérivées de ces systèmes contradictoires car l'unité s'est déjà faite sur la plupart des points, et les divergences tendent chaque jour à s'effacer.

On peut classer les adversaires en deux catégories :

1. Ceux qui nient tout ce qui leur semble être nouveau ou ne vient pas d’eux, et qui en parlent sans connaissance de cause. 

2. Ceux qui, sachant très bien à quoi s'en tenir sur la réalité des faits (miracles), les combattent néanmoins par des motifs d'intérêt personnel.

Mouhamad psl est venu montrer aux hommes la route du vrai bien ; qu'est ce qui empêcherait que Dieu, qui l'avait déjà envoyé une première fois ne puisse l'envoyer à nouveau?

Personne ne peut poser des bornes à la Puissance et à la Volonté de Dieu.

Seydina Limamou Lahi psl a lancé son Appel depuis 1883, depuis lors le message de sa mission prophétique et ses enseignements en tant que Mahdi s'implantent partout dans le monde. Si son Appel s’est surtout recruté dans les classes érudites de son temps, ainsi que chacun le reconnaît, c'est parce qu'elles en ont perçu un fond de vérité qui a fini par les attirer.

Contre cette tendance, tous les efforts de ses détracteurs seront vains, et ce qui le prouve, c'est que tout ce qu’ils ont fait pour noyer son message (Adjibo dahanya Lahi…), loin d'en arrêter l'essor, semble toujours lui donner plus d’élan.

Ce résultat justifie pleinement le fait de ne pas s’inquiéter de ses détracteurs  car tout ce qu’ils feront contre Seydina Limamou Lahi psl et sa mission se retournera en sa faveur et en celle de ses disciples que nous sommes. 

Ainsi, nos plus grands adversaires serviront toujours notre cause sans le vouloir car contre la Volonté de Dieu, la mauvaise volonté des hommes ne saurait prévaloir.

 

Allahouma Salli Anhla Seydina Mouhamadine wa Salim.

Contribution d'un disciple de Seydina Limamou Lahi psl au travail du groupe almahdiyou.org

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